En ce mois d’Octobre Rose, le dépistage du cancer du sein est plus que jamais un enjeu de santé majeur, au Luxembourg comme partout dans le monde. Et à ce sujet, le Grand-Duché continue sa démarche proactive afin d’améliorer toujours plus la détection de la maladie dans son stade le plus précoce possible, avec une nouvelle étape significative mise en place cette année…
Par Fabien Rodrigues
C’est en effet en juillet dernier que le gouvernement luxembourgeois, sur conseil de Bruxelles, annonçait l’abaissement de l’âge minimum à 45 ans pour l’accès au programme de dépistage national de cancer du sein pour les femmes, mais aussi du cancer colorectal pour les hommes. Dans le premier cas, on appelle « Programme Mammographie » (PM) ce programme national de dépistage. Il s’adresse ainsi désormais à toutes les femmes de 45 à 74 ans – alors que la limité d’âge était de 70 ans auparavant – et recommande de réaliser tous les deux ans une mammographie pour dépister un éventuel cancer du sein, qui est gratuite dans le cadre de ce programme.
Dépister et diagnostiquer le plus tôt possible
Le ministère de la Santé rappelle d’ailleurs qu’« un diagnostic précoce d’un cancer du sein ne peut se faire que grâce à la mammographie de dépistage » et que « cette mesure permettra de détecter plus tôt d’éventuelles anomalies et d’agir de manière préventive pour limiter les risques de complications », relevant clairement l’importance cruciale de la dimension dépistage.
Cette décision d’élargir l’accès au dépistage organisé des cancers du sein et colorectal fait suite à une recommandation du Conseil de l’Union européenne et à une approbation du Conseil scientifique du domaine de la santé au Luxembourg, un changement stratégique qui est étayé par des données médicales et des études scientifiques démontrant l’efficacité du dépistage précoce. Selon le ministère de la Santé luxembourgeois, le dépistage précoce du cancer colorectal ou du cancer du sein a ainsi démontré une réduction significative du risque de mortalité. Les dépistages plus précoces permettent ainsi non seulement de détecter les cancers plus rapidement et de prescrire des traitements moins lourds, mais ils offrent également aux patients atteints une meilleure réponse aux traitements, quels qu’ils soient. Cette extension de la tranche d’âge concernée par le PM permettra donc d’identifier les cas à un stade précoce, et d’accroître de facto les chances de guérison.
« En élargissant l’accès aux dépistages des cancers du sein et colorectal, nous nous engageons résolument dans la détection précoce systématique qui permet d’améliorer de manière significative les chances de guérison », déclare à ce sujet Martine Deprez, ministre de la Santé et de la Sécurité sociale.
Le but concret ? Détecter les anomalies de petites tailles non décelables à la palpation et qui pourraient être le signal d’un éventuel cancer. Plus généralement, les objectifs du PM sont : le dépistage des petits cancers du sein en dessous de 10 millimètres, la diminution du nombre de biopsies mammaires réalisées pour des lésions bénignes, l’augmentation du nombre de cas où le sein est conservé, l’amélioration de la qualité du dépistage et du suivi médical des femmes pour lesquelles une procédure diagnostique a été recommandée et, à long terme, la réduction de la mortalité par cancer du sein. À cet effet, l’invitation à passer une mammographie gratuite sera renouvelée tous les deux ans. Quant aux résultats, ils sont adressés par courrier à votre médecin – exerçant au Luxembourg ou à l’étranger- et à vous-même quelques jours après la mammographie, un délai nécessaire pour permettre à deux radiologues d’interpréter la mammographie…
Comment ça fonctionne ?
Depuis le 1e juillet 2024, la Direction de la santé a lancé son nouvel envoi d’invitations pour les dépistages, incluant les patients référencés dans les nouvelles tranches d’âge. Ainsi, chaque résidente au Luxembourg affiliée à la CNS et âgée de 45 à 74 ans a reçu ou va recevoir une invitation à participer aux dépistages du cancer du sein. Afin de faciliter la coordination avec les différents partenaires impliqués dans ces programmes (laboratoires, hôpitaux, médecins, etc.), ces invitations sont échelonnées en fonction de l’année et du mois d’anniversaire du bénéficiaire en 2024 et 2025.
Les assurées non résidentes au Luxembourg, mais affiliées à la CNS et se situant dans la tranche d’âge visée, sont également invitées à participer à ce programme en contactant le centre de coordination des programmes de dépistage des cancers par téléphone au 247-75550 afin de recevoir l’invitation et question et procéder à ce dépistage dans les meilleurs délais possibles.
Dès réception de l’invitation, on peut prendre rendez-vous dans l’un des centres de dépistage agréés par le ministère de la Santé et de la Sécurité sociale, situés dans cinq centres hospitaliers luxembourgeois et dont on trouve la liste sur le site de ce dernier. Il est possible de choisir son centre et l’heure du rendez-vous, le ministère conseille toutefois de fixer le rendez-vous dans les jours qui suivent le début des règles, « lorsque les seins sont moins sensibles ». Il faut également penser à préciser, lors de la prise de rendez-vous, qu’il s’agit d’un examen rentrant dans le cadre du programme de dépistage organisé. Attention : dans le cadre du PM, un seul rendez-vous peut être pris dans un seul centre. Ne reste qu’à procéder au dépistage en question !
Si le cancer du sein trouve son origine dans certaines cellules du sein qui se multiplient de façon anormale, dans la plupart des cas, on ne trouve pas de cause bien définie. Il existe toutefois des facteurs pouvant favoriser son apparition : l’âge, l’obésité, la sédentarité, la consommation d’alcool ou encore les thérapies hormonales de la ménopause. 5 à 10% des cancers du sein sont d’origine génétique, il est donc pertinent de connaître l’histoire de la maladie dans sa famille. Au Luxembourg, le cancer du sein est le cancer féminin le plus fréquent et la principale cause de décès chez les femmes âgées de 45 à 74 ans. Chaque année, au Luxembourg, environ 500 femmes sont concernées par ce diagnostic.
Témoignage
Dans le cadre de son groupe de travail sur la santé altérée, IMS Luxembourg partage avec nous le témoignage d’une patiente qui en dit beaucoup en quelques lignes.
« Mon histoire a commencé quelques jours après le Nouvel An, quand tout le monde se souhaite une bonne année et une bonne santé. Je sens une petite boule dans ma poitrine, semblable à un petit grain de riz. Je suis en congé, alors je vais chez mon médecin le jour même. Elle ne sent rien, mais me prescrit une échographie juste pour être sûre. Comme elle n’est pas vraiment inquiète, je vais laisser passer quelques jours. Après deux semaines, je décide qu’il est peut-être temps de faire l’échographie après tout. Une semaine plus tard, je suis de nouveau chez le médecin avec mon mari. J’ai un cancer du sein. Heureusement, le cancer n’est pas encore dans le système lymphatique. Le médecin me dit que si j’avais attendu trois mois de plus, les traitements auraient été beaucoup plus lourds ».
Événement
Dirigeante de l’organisme de formation Innobullus et suite à l’annonce d’un cancer du sein, Françoise Bisteur s’engage depuis trois ans dans la lutte contre le cancer en mettant en place des rencontres, nommées Les Bulles. « Se réinventer après un cancer du sein et pas que ». L’écriture d’un témoignage positif qui fut également une des actions mises en place. Elle fait varier les lieux de rencontre : le Centre Pompidou-Metz, le CHL ou encore le restaurant gastronomique Ma langue sourit… Françoise s’est donné comme objectif de réaliser 100 Bulles et y croit dur comme fer. « J’ai pris un grand plaisir à animer ces rencontres en intelligence collective en permettant aux participants d’échanger, de rencontrer et de donner leurs idées pour améliorer le parcours de la patiente à l’hôpital, dans la vie quotidienne, au travail… », confie celle qui se décrit comme « patiente experte et semeuse de positivité » .
Pour l’édition Octobre Rose 2024, la Bulle numéro 29 se déroulera en partenariat avec l’Abbaye de Neimënster le jeudi 17 octobre de 18h30 à 20h et permettra entre autres de découvrir des extraits du livre Des bulles, des bulles pour se réinventer qu’elle a publié en 2022. Le défi est ainsi de rassembler toutes celles et tous ceux qui ont envie d’apprendre avec de courts témoignages d’acteurs concernés par la thématique. À cette occasion, Françoise Bisteur a également convié les personnes qui l’ont accompagnée dans son projet et dans le développement de sa société : institutionnels, patients, chefs d’entreprises, accompagnants, associations, fédérations… Un chouette rendez-vous, lors duquel l’importance du dépistage sera sans nul doute mise en lumière…