Avec environ 500 nouveaux cas détectés et 72 décès par an au Luxembourg, le cancer du sein reste le plus meurtrier chez les femmes de 50 à 70 ans. À partir de 50 ans, même si l’on est en bonne santé, il est recommandé de réaliser une mammographie tous les deux ans. Le dépistage précoce joue un rôle essentiel dans la lutte contre cette maladie.

Mois de sensibilisation et de lutte contre le cancer du sein, Octobre rose vient nous rappeler chaque année, l’impérieuse nécessité de se faire dépister pour lutter contre cette maladie. À noter que le cancer du sein reste le cancer le plus fréquemment diagnostiqué chez la femme, mais aussi le plus mortel (72 décès chaque année au Luxembourg). Environ 500 nouveaux cas de cancer du sein sont diagnostiqués chaque année dans le pays. Depuis 1992, et le lancement du Programme national de mammographie, le ministère de la Santé invite les femmes âgées de 50 à 70 ans à réaliser une mammographie de dépistage tous les 23 mois. L’examen peut être fait dans un des centres de dépistage agréés, situés dans l’un des cinq établissements hospitaliers du Luxembourg. Dans le cadre de ce programme, ce dernier est gratuit pour les résidentes luxembourgeoises affiliées à la Caisse Nationale de Santé. L’âge moyen du diagnostic est de 63 ans.

« Lorsqu’on parle de prévention et de dépistage, il y a parfois un abysse entre le savoir et le faire » 

Néanmoins, les autorités sanitaires conseillent de commencer le suivi gynécologique, afin d’avoir une palpation tous les ans, à partir de 25 ans. « Technique d’imagerie médicale qui utilise les rayons X, la mammographie permet de déceler des petites tumeurs, qui n’ont généralement pas encore formé de métastases. Et l’on sait que plus la détection est précoce, plus les chances de survie sont grandes. Le programme national de dépistage est lu en double aveugle, c’est-à-dire qu’il est lu par deux radiologues ce qui augmente la qualité du diagnostic », note Lucienne Thommes, directrice de la Fondation Cancer. L’établissement, en partenariat avec Europa Donna et le ministère de la Santé, participe à différentes actions de sensibilisation dans des hôpitaux notamment. Afin de sensibiliser toujours plus de femmes à travers le pays, l’équipe de la Fondation Cancer met également en place des campagnes de communication sur les réseaux sociaux et organise des conférences sur le cancer du sein dans certaines entreprises qui en font la demande.

Un suivi médical indispensable  

« Grâce aux diverses campagnes de sensibilisation à l’occasion d’octobre rose notamment, le cancer du sein est de plus en plus médiatisé. Malheureusement, et c’est souvent le cas lorsqu’on parle de prévention et de dépistage, il y a parfois un abysse entre le savoir et le faire. Les femmes sont parfaitement conscientes de ce qu’elles doivent réaliser, mais ne le font pas nécessairement », poursuit-elle. Si la mammographie reste la meilleure méthode de détection du cancer du sein, il est important de connaître l’aspect normal de ses seins afin de voir immédiatement les éventuels changements. Il faut ensuite que vous vous placiez torse nu devant un miroir afin d’observer attentivement votre poitrine.

« L’autosurveillance ne remplace évidemment pas les autres méthodes de dépistage »

Voici les signes qui doivent vous alerter :  un sein anormalement plus bas que l’autre, un épaississement du sein, un changement de forme ou de taille du mamelon, une éruption cutanée (eczéma, rides de peau) sur le mamelon ou sur la peau autour, un mamelon qui se rétracte, l’apparition de boules ou de rougeurs anormales, une anomalie de la peau (ce qu’on appelle la peau d’orange, une enflure dans l’aisselle). « À partir du moment où l’on remarque un quelconque changement au niveau de sa poitrine, il faut impérativement consulter son gynécologue », souffle Lucienne Thommes. L’autosurveillance ne remplace évidemment pas les autres méthodes de dépistage, mais reste une technique efficace pour repérer d’éventuels signes évocateurs d’une tumeur, en parallèle des mammographies et des palpations mammaires annuelles réalisées par votre médecin.

6 cas sur 1 000

Dans le cadre du Programme national de dépistage, près de 1 000 mammographies sont réalisées chaque année dans le pays. Sur ces 1 000 examens, environ 920 seront normaux et 80 présenteront des anomalies. Ces 80 cas demanderont des analyses complémentaires, et seuls 6 cas de cancer seront détectés. Pour les femmes concernées par ce deuxième examen, le stress est immense.

« Comme tout acte médical, la mammographie présente à la fois des avantages et des inconvénients. Les cancers d’intervalles, extrêmement rares, qui apparaissent entre deux examens en sont l’exemple. Nous estimons également que sur 10 % des cancers dépistés, il n’y aurait aucune conséquence sur la santé de la femme concernée, mais actuellement, dans l’état actuel des connaissances scientifiques, il n’est pas possible de déterminer formellement les cancers qui vont évoluer de ceux qui évolueront peu. On parle alors de surdiagnostic et de surtraitement », explique Lucienne Thommes. L’autre limite mise en avant est l’exposition répétée aux rayons X, susceptible d’augmenter la probabilité d’un cancer radio-induit. Néanmoins, selon le consensus scientifique, cette irradiation liée à la mammographie reste très faible. Il n’y a pas de quoi s’inquiéter donc, la mammographie reste l’examen de référence dont la balance bénéfices-risques est largement favorable.

Une maladie multifactorielle

« Il est essentiel de continuer la sensibilisation sur tous les fronts possibles. Je remarque que de plus en plus de jeunes femmes sont inquiètes. Il ne faut pas oublier que 80 % des cancers sont diagnostiqués chez des patientes qui ont plus de 50 ans, raison pour laquelle le programme national de dépistage les concerne directement. Depuis quelque temps, la Commission européenne recommande d’abaisser l’âge à 45 ans, le Luxembourg risque d’adopter prochainement cette mesure », poursuit-elle.

« Il est important de connaître l’aspect normal de ses seins afin de voir immédiatement les éventuels changements »

Le cancer du sein est une maladie multifactorielle. De nombreux facteurs entrent en jeu et influent sur le risque de sa survenue. Certains d’entre eux sont liés au mode de vie. L’alcool arrive en tête. Selon de nombreuses études, il a été établi que 17 % des cancers du sein sont liés à une consommation d’alcool. Le surpoids, le tabac, une alimentation déséquilibrée, la sédentarité, l’exposition hormonale augmentent également les risques de développer un cancer du sein. « Vivez sainement ! Mais j’ai pour habitude de dire que les facteurs de risques les plus importants sont ceux que l’on ne peut pas changer. Le premier est celui d’être née femme. Sur 100 cancers du sein, 99 concernent la gent féminine. Et il y a aussi l’âge, plus vous vieillissez, plus le risque augmente. L’histoire familiale et personnelle joue également dans la balance », détaille la directrice de la Fondation Cancer. « Il faudrait, à l’aide de différents examens, que chaque femme soit en mesure de connaître son facteur de risques et faire des examens de dépistage en conséquence », conclut-elle.