À bout de souffle, Brigid Delaney, journaliste passée par le Guardian Australia, Sydney Morning Herald et CNN, décide de tester toutes sortes de pratiques destinées à lui apporter équilibre, forme, et bien-être. Forte de cette exploration intérieure, elle prend surtout conscience des fortunes et de l’énergie dépensées pour parvenir à ce nouveau Saint Graal. Une expérience qu’elle raconte avec humour dans l’ouvrage Wellmania dont l’adaptation sera diffusée sur Netflix dès le 29 mars avec Celeste Barber dans le rôle principal. Rencontre.

Qu’est-ce qui a motivé l’écriture de ce livre ? 

J’avais tellement d’anecdotes amusantes du temps où j’étais journaliste à raconter sur l’industrie du bien-être que j’ai pensé qu’il serait intéressant de les rassembler dans un livre. J’ai également été motivée par la découverte des énormes profits réalisés par l’industrie du bien-être… Je me suis demandé si nous pouvions obtenir les mêmes résultats sans dépenser une fortune.

La première partie de l’ouvrage se concentre sur une détox ‘miracle’ d’une centaine de jours que vous avez testée, et qui consiste à ne rien manger – ou presque. En quoi un tel jeûne permet-il de se sentir mieux dans sa peau ?

Je ne me sentais pas bien – je me sentais même très mal – jusqu’à la deuxième semaine, où j’ai commencé à me sentir pleine d’énergie. A ce stade, j’étais probablement en état de cétose (état métabolique au cours duquel le corps puise l’énergie dans les graisses, ndlr) et mon corps était tellement stressé qu’il produisait des substances chimiques pour me maintenir dans un état artificiel de vigilance – comme si je planais – pour que je sois motivée pour trouver de la nourriture ! En réalité, je me suis sentie très bien lorsque j’ai recommencé à manger.

Les résultats ont-ils été probants ?

J’ai perdu beaucoup de poids – 14 kilos au cours des 14 premiers jours – mais dès que j’ai recommencé à manger, j’ai repris tout le poids perdu. Notre corps a la capacité de se désintoxiquer via les poumons et les reins, ainsi que par le système digestif, il n’est donc pas nécessaire de suivre un programme détox pour obtenir un résultat.

Dans l’ouvrage, vous associez le bien-être à trois objectifs : la pureté, la minceur, et la sérénité. En quoi le fait d’être pure ou mince peut-il combler un certain mal-être ?

Ce sont surtout des choses que la société associe au bien-être. A la fin de cette exploration intérieure, j’ai compris que le bien-être provenait essentiellement d’un sentiment d’appartenance à une communauté et de connexion avec ceux qui nous entourent, plutôt que de la morphologie ou de la maigreur. Mais dans ce monde très actif, je continue à penser que la sérénité est importante, mais j’y parviens désormais via la méditation quotidienne.

Le bien-être est-il devenu un nouveau diktat ? 

Le bien-être est devenu un Saint Graal. Aujourd’hui, les gens sont mieux éduqués sur leur santé, notamment sur le rôle que jouent le sommeil, le régime alimentaire, l’exercice physique et les relations sociales dans le bien-être. Lorsque nous nous sentons bien, nous sommes plus susceptibles d’être détendus, d’apprécier notre vie et d’être capables d’en faire plus. Lorsque notre bien-être est médiocre, la vie est plus difficile.

Le chiffre d’affaires de l’industrie du bien-être est estimé à près de 3,4 milliards de dollars… Comment expliquer que le bonheur, ou tout du moins le bien-être, ait un coût ?

Il y a tant de commerces et de sociétés qui profitent de notre quête de bien-être. Nous travaillons tellement que notre seule chance d’accéder au bien-être prend la forme de vacances ou de retraites, ce qui coûte beaucoup d’argent. Si nous travaillions moins et prenions davantage soin de nous, nous n’aurions pas besoin de dépenser autant d’argent dans des produits de bien-être à effet immédiat.

Pourquoi cette quête de bien-être passe par le yoga, les crèmes anticellulite, ou l’eau de coco, plutôt que dans des valeurs authentiques comme la famille et les amis ?

C’est une bonne question. Le véritable bien-être se trouve effectivement dans les relations humaines et le sentiment d’appartenance à une communauté, mais il peut être plus difficile de les créer que de simplement acheter de l’eau de coco. Les gens travaillent beaucoup, subissent énormément de stress, sont très occupés et passent beaucoup de temps devant leurs écrans… Construire des relations prend du temps et les gens n’en ont pas toujours. Ils prennent donc des cours de yoga ou écoutent des podcasts sur le bien-être, ce qui répond à certains de leurs besoins, mais pas à tous. La ‘vie simple’ peut être difficile à atteindre si l’on travaille dur et que l’on est loin de sa famille et de ses amis.

Vous avez écrit la première édition de Wellmania avant la pandémie… La crise sanitaire a-t-elle changé la perception que chacun peut avoir du bien-être ?

La pandémie m’a fait prendre conscience que nous sommes tous intimement liés et que nos systèmes sont faits d’êtres humains qui dépendent les uns des autres. Nous l’avons constaté lorsque nous avons commencé à reconnaître les ‘travailleurs essentiels’. Les liens qui nous unissent et le fait que nous ayons besoin les uns des autres sur les plans physique et émotionnel ont fait passer le bien-être de l’aspect purement physique à l’aspect relationnel.

Vous avez testé énormément de concepts healthy au cours de la dernière décennie. Lesquels ont le mieux fonctionné ?

J’adore la méditation. Elle est nomade – on peut l’emporter partout et la pratiquer à peu près n’importe quand. Je fais deux séances de méditation védique par jour, à raison de 20 minutes par séance. Cela me détend et me permet d’affronter la journée qui s’annonce. Si j’ai eu une journée de travail stressante, je médite après le travail pour calmer mon système nerveux. J’aime aussi faire des retraites. Mes endroits préférés sont Byron Bay en Australie, ainsi que la Thaïlande, le Sri Lanka et Bali.

La sortie de cette nouvelle édition, le 16 mars, sera suivie de l’adaptation du livre sur Netflix avec Celeste Barber dans le rôle principal. Pourquoi ce choix ?

Celeste est une sensation mondiale – et adorée par des millions de personnes qui regardent ses vidéos Instagram hilarantes. Elle incarne totalement l’esprit de quelqu’un qui recherche le bien-être, vit de nombreuses aventures, reste toujours curieux et s’amuse. J’ai hâte que les gens la voient jouer dans cette nouvelle série incroyable.

*”Wellmania” par Brigid Delaney – Editions First – Sortie le 16 mars 2023.