Texte par Cadfael

La grogne monte au Royaume Uni et l’économie anglaise est confrontée à d’épineux problèmes.

Les évènements aux Etats-Unis nous ont fait perdre de vue ce qui se passait outre-manche chez Boris Johnson, grand ami de Trump. Le 1er janvier 2020 sonnait le moment solennel où le Royaume-Uni à en croire ses leaders politiques, retrouvait son entière souveraineté et que son droit n’était plus soumis à ces règles honnies mises au point à Bruxelles.

Les eaux du royaume sont de nouveau des zones souveraines dans lesquelles le pécheur britannique n’aura pas à souffrir de la concurrence étrangère. C’est ce que Boris et ses alliés avaient fait croire à leurs électeurs dont un gros réservoir est issu des gens de mer et de terre. Le 24 décembre Johnson, parlait à la BBC d’un bon « deal » avec l’Union Européenne en utilisant un terme cher à Trump et insistait sur le rôle constructif joué par Michel Barnier en « oubliant » de mentionner la présidente de la Commission. Elle qui se démenait sur les chaines européennes pour donner l’impression que ce « deal » était son œuvre et non celle de l’équipe de Michel Barnier qui, rappelons-le, était sur le pont pendant quatre années pour négocier avec les Anglais. Elles vont d’ailleurs à continuer sur des points importants comme les services, qui ne sont pas réglés par le « deal ».

Une industrie vitale pour le Royaume-Uni

 La City, centre névralgique de l‘économie financière anglaise, qui sur un plan national emploie 2.2 millions de personnes et génère un excédent commercial de 61 milliards de livres selon des données du gouvernement britannique de 2019. Quelques 776.000 emplois sont concentrés rien qu’à Londres.

Pour l’instant les relations de l’industrie financière anglaise, chère à Johnson, sont en standby car peu ou rien n’est réglé. Juste le minimum en dernière minute, afin que les flux financiers strictement nécessaires au fonctionnement de l’économie et des échanges de paiement avec l’Union Européenne ne  soient pas bloqués. Mais l’Angleterre n’a plus le libre accès à ses marchés financiers. Les produits de la City ont été remisés par les négociateurs au même chapitre que 28 autres activités de service encore à régler. D’après un article de Reuters du 24 décembre dernier un certain volume d’activités financières risque d’être repris par la grande rivale de Londres, la place de New-York.

Une seconde manche en mars

En mars il devrait y avoir un Mémorandum of Understanding entre les deux blocs.  Boris Johnson  se montre confiant, de toute manière il n’a pas le choix face à la grogne montante au sein de son pays.  La City n’est pas pour autant en train de se désagréger comme on pouvait le laisser croire certains articles de la presse européenne. D’après le « Brexit Tracker » de la société de conseils Ernst and Young (EY) en date du 1er octobre dernier 7.500 jobs auraient quitté Londres pour se repositionner en Europe. Dublin est la destination de choix des transferts de services financiers avant Francfort. Luxembourg et Paris sont également des lignes de retrait pour certaines activités financières anglaises.

La City recrute

Une analyse plus récente confirme que la tendance n’est pas à la débandade mais plutôt au recrutement. Le Financial Times dans un article du 12 décembre dernier souligne que le gros des destructions de postes à Londres provient de la restructuration depuis longtemps nécessaire de Crédit Suisse, Deutsche Bank et Nomura et du repositionnement pour des raisons d’accès au marché européen de certains services de grandes banques. La réalité montrerait que le Brexit pour l’instant n’a que des effets mineurs sur la place de Londres ou des Goldmann Sachs et JP Morgan et BNP Paribas auraient tendance à recruter. Neuf des plus grands gestionnaires mondiaux de fonds ont augmenté leur personnel de 35% depuis le vote sur le Brexit.

Quo vadis ?

Boris Johnson aimerait faire partie de la zone de libre-échange créée entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique et reprendre le leadership au niveau du Commonwealth, en visant l’Inde qui préfère nettement les options qu’offrent le grand marché européen uni.

Mais voilà, Trump, son soutien sans faille ou presque, ne sera plus là pour l’épauler dans son pèlerinage et Biden n’adhère pas aux  visions géo-économiques de Johnson. Il pourra toujours se consoler avec la vielle devise anglaise : « Dieu et mon Droit ».

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