La vie, parfois, n’a besoin que d’un coup de pouce, d’un déclic pour vous ouvrir un monde de possibilités. C’est un peu le cas de Barbara Agostino qui, à la suite d’un accident, comprend que de grandes choses l’attendent. Elle se lance, le succès lui tend les bras. En l’espace de cinq ans, elle a bâti un empire dans le royaume des enfants avec les Crèches Barbara. Elle nous révèle les secrets à l’origine de sa formidable success story.
Quel a été votre parcours avant de lancer les «Crèches Barbara?
En 2005, j’ai reçu le diplôme d’éducatrice au Luxembourg (IEES/Fentange, aujourd’hui LTPES). De 2005 à 2008, j’ai accompli avec succès mes études d’institutrice primaire en Belgique. Les deux diplômes en poche, j’ai tout de suite postulé dans une école privée en tant qu’institutrice, où j’y ai travaillé jusqu’en septembre 2014. En 2010, étant en rééducation suite à un accident de moto, j’ai commencé à m’intéresser de plus près aux crèches. C’était le job idéal: je pouvais mettre en œuvre mes savoirs en pédagogie tout en étant sa propre patronne! Ainsi en 2011, après avoir acheté le premier immeuble, l’histoire des structures Barbara était lancée et rien ne pouvait plus m’arrêter pour vivre mon rêve. Je dois une partie de ma réussite à mon ancien employeur, qui m’a alors permis d’ouvrir mes structures, tout en continuant à exercer en tant qu’institutrice dans leur établissement.
La concurrence est rude dans le secteur de la petite enfance à Luxembourg. Quel est votre secret pour tirer votre épingle du jeu?
Il y a en effet beaucoup de crèches au Grand-Duché, mais la demande est grande, elle aussi. De plus, le Gouvernement actuel veut clairement permettre aux parents de concilier vie professionnelle et vie familiale en renforçant la prise en charge par le système des chèques services et en permettant aussi aux frontaliers d’en profiter. La concurrence existante est une concurrence positive et, personnellement, j’espère que les parents visitent et comparent les différentes crèches en vue de trouver l’encadrement pour leur enfant qui correspondent à leurs attentes personnelles!
Mon secret pour faire face à la concurrence? Être authentique et honnête envers tous nos interlocuteurs/trices: les parents, les enfants, les instances étatiques, les communes etc. La confiance entre les intervenants est primordiale! En outre, je suis très exigeante envers notre équipe pédagogique car, je ne supporte pas la nonchalance ou l’indifférence au travail. Cela est d’autant plus important lorsque l’on travaille avec des enfants, des êtres en devenir, pour qui la relation avec l’adulte est déterminante pour le futur! Un autre atout: les Crèches Barbara s’inspirent de différents courants pédagogiques et prennent «le meilleur» afin de permettre à chaque enfant un développement optimal.
Quelles sont vos qualités?
Il faudrait plutôt poser la question à mes proches (rires)! Je pense que mes qualités sont aussi liées à mes origines de famille d’immigrés italiens. Dès la petite enfance, on m’a appris la persistance, la compassion et la capacité d’adaptation. Ma compagne dit de moi que j’ai le goût du risque, que je possède une excellente intuition et que je suis travailleuse… Je me retrouve assez bien dans cette description (rires)! Ainsi, tous les jours, je me fixe un objectif, qu’il soit petit ou grand. Je suis toujours dans l’action et je prends des décisions rapidement. D’où l’expansion rapide de la société! Je suis de nature positive sans être trop naïve, ce qui me pousse à résoudre rapidement les problèmes. Je n’ai pas peur d’échouer et de devoir me relever… En général, je suis assez confiante et souvent je pense à un ami, très entrepreneur lui aussi, qui dit toujours: «Alles geet!»
Le secteur de l’enfance est un milieu de réputation féminin. Être une femme a-t-il été un atout?
Ni un atout ni un désavantage. Cependant, lorsqu’on est une femme et que l’on n’a pas encore trente ans, il n’est peut-être pas si évident que ça qu’une banque vous fasse confiance et vous accorde un prêt: votre business plan doit reposer sur une argumentation solide pour convaincre! D’ailleurs, pour ma deuxième crèche, la banque a d’abord émis un avis négatif pour faire un emprunt supplémentaire! Ce n’est que grâce au support financier d’une amie, qui, elle, m’a fait confiance, que la banque a cédé! Il faut parfois un peut forcer le destin.
Quelles difficultés avez-vous traversé dans votre carrière professionnelle et comment les avez-vous surmontées ?
Concilier les premières années, deux jobs différents. Ce n’était pas évident et très fatigant, mais, l’espoir que cette période n’était que transitoire m’a donné l’énergie nécessaire. Bien sûr, mon entourage qui croyait en moi m’a également donné des ailes (sourire)!
Quel regard portez vous sur l’égalité hommes/Femmes?
J’y apporte une grande importance. Ainsi, aussi dans les crèches, il faudrait un équilibre qui se mette en place progressivement dans une équipe. Par exemple, j’ai pu constater que les enfants dont le père était absent avaient tendance à aller davantage vers les éducateurs masculins.
La vie est faite d’hommes et de femmes, même avant 3 ans. A mon sens, côtoyer des hommes et des femmes est bénéfiques pour les enfants. A l’exception d’un père qui ne voulait pas qu’un éducateur-homme soit la personne de référence de son fils, je n’ai rencontré aucune difficulté chez les parents. Il est vrai que plus l’enfant grandit, moins la question se pose: les éducateurs s’éloignent du soin corporel, du «maternage» pour aller davantage vers l’activité plus physique de l’enfant.
Quels sont vos futurs challenges?
En tant que cheffe d’entreprise, le quotidien est fait de plein de petits défis! Et si un nouveau challenge se présente, j’écouterai mon intuition, mon coeur et ma raison avant de me lancer. Cela dit, j’espère qu’il y en aura encore beaucoup. J’adore ça !
Quel conseil donneriez-vous aux femmes qui souhaitent se lancer dans l’aventure de l’entreprenariat?
Avant de vous lancer, prenez le temps qu’il faut pour vous poser sérieusement la question. Vous devez être intuitive, vous servir et développer votre flair, persévérant, travailleuse et capable de prendre des décisions. Vous devez être réaliste, optimiste, autonome, capable de planifier, faire preuve de leadership et savoir bien vous entourer et avoir un peu la chance sur votre côté !
Ainsi, si vous vous sentez prête à affronter toute sorte de situations, si vous vous sentez à l’aise avec le fait de créer, d’inventer votre avenir et si vous êtes passionnée dans votre domaine, alors go! Allez-y: il faut se simplement se lancer!