En avoir ou pas, telle est la question. Notre rapport aux poils en dit long sur l’importance que revêt l’apparence physique dans nos sociétés. Le musée des Arts décoratifs de Paris retrace l’histoire des cheveux et des poils dans une grande exposition thématique, qui ouvrira au printemps.

L’exposition “Des cheveux et des poils” explore les questions liées à la pilosité à travers plus de 600 œuvres allant du XVème siècle à nos jours. Elle montre comment l’agencement des poils humains participe depuis des siècles à la construction des apparences. Car, en tout temps, le poil a été le révélateur des aspirations d’une époque ou d’une civilisation. 

Les cultures gréco-romaine et judéo-chrétienne le voyaient comme un attribut de la sauvagerie que l’on devait dompter pour éloigner l’Homme de l’animal. Rien d’étonnant donc à ce que la pilosité soit rare, voire absente, de la peinture ancienne. Un tournant s’opère toutefois vers 1520, lorsque la barbe devient un attribut viril qui atteste de la bravoure de celui qui la porte. Elle devient alors l’apanage des rois et des nobles… jusqu’à ce qu’à ce qu’on lui préfère les perruques dès les années 1630. Les poils faciaux reviennent en grâce au début du XIXème siècle et leurs multiples déclinaisons ne sont jamais plus totalement sorties de mode. 

Du moins chez les hommes. En effet, poils et cheveux sont des marqueurs de différences sociales, notamment lorsque ceux qui les portent sont des femmes. La première partie de l’exposition du musée des Arts décoratifs s’intéresse tout particulièrement à l’évolution de la coiffure féminine. Le corps des femmes a été, à de multiples époques et à maints endroits, associé à l’absence de poils. Le port du voile s’impose dès le Moyen-Âge, en accord avec la Première épître aux Corinthiens. Les femmes l’abandonnent peu à peu au XVème siècle au profit de coiffures extravagantes sans cesse renouvelées. Certaines comme La Fontange ont même été de véritables phénomènes de mode. 

C’est là tout l’intérêt de “Des cheveux et des poils”. L’exposition montre à quel point les normes sociales autour du poil s’actualisent et se renouvellent sans cesse. Quitte parfois à se contredire, comme celles qui entourent les poils pubiens. Elles ont toutefois donné naissance à une multitude de professions. Barbiers, barbiers-chirurgiens, étuvistes, perruquiers, coiffeurs de dames… L’exposition du musée des Arts décoratifs rend hommage à ces métiers du poil à travers des documents d’archives et divers objets, dont des machines à permanentes et des séchoirs des années 1920. 

L’exposition “Des cheveux et des poils” est à découvrir du 5 avril au 17 septembre au musée des Arts décoratifs de Paris.