Quand elle décide de rejoindre l’affaire familiale, Anouk Bastian détonne. Une femme, avocate, qui renonce au barreau pour retrouver ses premières amours ? Un saut dans le vide, ou presque, qui n’a pas effrayé la Luxembourgeoise, qui depuis 2001 dirige, aux côtés de son père, le Domaine Mathis Bastian. Nous l’avons rencontrée.
Quel a été votre parcours avant de rejoindre le domaine familial?
En 1995, j’ai obtenu ma maîtrise en droit des affaires à l’université Robert Schuman, à Strasbourg. Après une année de cours en droit luxembourgeois, j’ai rejoint pour deux ans l’étude d’avocats Schaeffer et Hengel à Luxembourg. Avant de revenir à mes sources mosellanes, j’ai suivie des cours d’œnologie à l’université de Reims.
Etait-il impensable pour vous d’envisager une carrière autre qu’au sein de la maison familiale?
Pour moi, devenir vigneronne n’est pas un choix de carrière, mais une vocation avec dévouement et passion pour ma région viticole. C’est venu de manière tout à fait naturelle. Le sentiment d’appartenance à la Moselle Luxembourgeoise m’a été transmis par ma grand-mère et mon père.
Par quelles étapes êtes-vous passée pour reprendre le flambeau?
Le multitasking me plaît énormément. Quand on travaille avec la nature, il est indispensable de comprendre, de ressentir les différents cépages, terroirs et les sols. L’expérience au fil des années de la vinification est primordiale. Le contact et l’échange avec la clientèle me font particulièrement plaisir. C’est un processus de travail sur soi-même au quotidien et il faut surtout savoir s’entourer de personnes dotées de compétences complémentaires.
L’univers du vin est plutôt connoté masculin. Comment y avez-vous trouvé votre place?
Je me suis sentie acceptée et respectée depuis la première heure. Ce sont les joies et les défis communs de toute une région viticole qui rapprochent, soudent la profession viticole. Nous appartenons à une même région, à une grande famille des vignerons.
A l’époque, j’ai également bénéficié de a confiance d’un monde purement réservé aux hommes: il y a 13 ans, j’ai été nommée première présidente femme du premier Rotary Club mixte au Luxembourg.
Quelle est votre plus belle réussite? Qu’est-ce qui a été le plus difficile dans votre parcours?
Ma plus belle réussite – et en même temps la plus difficile à réaliser – c’est de concilier ma vie familiale avec mon engagement professionnel. Ça n’est que grâce à l’aide précieuse de toute ma famille que j’y parviens.
Être une femme a-t-il été un frein?
Non, homme ou femme, c’est l’amour pour sa profession et le bon mix de talents, tels que notamment l’anticipation, la créativité, le goût du renouveau, le flair et le courage qui mène à la réussite. Dans mon métier, c’est particulièrement le don d’un excellent odorat et de papilles gustatives sensibles qui constituent un énorme atout.
Une structure comme la FFCEL vous a-t-elle aidée?
La rencontre de personnes ayant le même centre d’intérêt libère de nouvelles idées, de nouvelles énergies. La FFCEL m’a permis de prendre conscience de l’importance de vivre le networking.
Où puisez-vous votre force?
Je puise ma force dans la nature et les petites joies au quotidien.
Avez-vous des rituels?
Je m’oxygène, me ressource en faisant mon jogging à travers les vignes et dans des moments méditatifs avec la nature.
Y a-t-il une personne qui vous inspire, avez-vous un modèle?
Ma source d’inspiration est surtout la rencontre avec la nature que j’observe et écoute, sa richesse en couleurs, en saveurs, en bruits, en sensations…
Quel conseil donneriez-vous aux femmes qui souhaitent se lancer dans l’aventure de l’entrepreunariat?
Identifiez et développez ce qui est unique et soyez authentique.