En seulement quatre ans, Anne Harles a totalement modernisé l’offre bio au Luxembourg en reprenant le magasin Alavita de Junglinster. Désormais, la cheffe d’entreprise gère, avec son associé Julien Bretnacher, quatre établissements (bientôt cinq !) dont un restaurant proposant une carte variée valorisant les produits de l’enseigne. Elle nous a accordé, le temps d’un café, un moment pour nous raconter son parcours et son quotidien.

Quel est votre parcours ?

J’ai un double cursus en droit privé et en hôtellerie. Tout naturellement, j’ai privilégié l’une des deux branches. J’ai ainsi suivi un master post-universitaire à Glion, une école hôtelière suisse. J’ai ensuite fait plusieurs expériences professionnelles dont une à New-York, dans la boulangerie Maison Kayser. En 2018, j’ai repris Alavita, qui était à l’époque une entreprise familiale. Depuis lors, je gère la société de façon totalement indépendante. J’ai gardé ce côté famille qui m’importe beaucoup.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de reprendre Alavita ?

Le côté entrepreneurial m’a toujours beaucoup attiré. Et d’aussi loin que je me souvienne j’ai une passion pour tout ce qui touche à l’alimentaire. J’ai fait tous mes jobs étudiants en cuisine ou dans des épiceries. En 2018, j’ai senti que c’était le moment de reprendre un projet à développer moi-même. Je connaissais bien le magasin Alavita de Junglinster, il cherchait un repreneur. Je me suis donc lancée et j’ai repris la gérance de l’établissement. Très vite, Julien Bretnacher est venu m’épauler et est devenu mon associé. Selon moi, travailler en binôme est fondamental. Il est très important d’être bien entouré lorsqu’on entreprend. Il faut aussi savoir déléguer et faire confiance en l’autre.

Vous avez ensuite ouvert d’autres établissements, à quoi ressemble le groupe Alavita aujourd’hui ?

Nous allons ouvrir un quatrième magasin à Mersch, en novembre. Nous souhaitions nous installer dans le centre du pays, où l’offre bio est moins importante. Au total, nous aurons cinq points de vente avec le restaurant que nous avons lancé dans le quartier de Bonnevoie. Les établissement se ressemblent mais ils ont chacun leur propre identité. Nous essayons ainsi de proposer les mêmes produits partout tout en présentant certaines variantes dans chaque magasin selon les besoins des clients qui font leurs achats chez nous. Tout en continuant à travailler avec les grossistes du secteur, nous tentons de collaborer au maximum avec des fournisseurs de petite taille ou directement avec les producteurs, avec lesquels nous minimisons les intermédiaires et pouvons construire une relation de confiance.

Aviez-vous ce projet de restaurant dès le départ ?

Non, ce projet a germé dans nos têtes assez spontanément. Mon associé et moi-même avons tous les deux travaillé dans l’hôtellerie. Le restaurant Alavita était en réalité un ancien stock qui n’était pas exploité. Nous trouvions cela très dommage de garder un commerce, pignon sur rue, vide. De plus, nous souhaitions limiter le gaspillage et donner une seconde vie à nos invendus et à nos fruits/légumes trop mûrs pour être vendus. Nous avons donc décidé de créer ce restaurant. Un excellent chef a alors pris les clés de la cuisine. Il utilise exclusivement des produits bio. Nous proposons une carte très healthy, très variée et comportant une large offre végétarienne. Cela a beaucoup de succès ! Nos jus du jour sont ainsi faits avec des aliments super gouteux que nous ne pouvons plus vendre alors qu’ils sont propres à la consommation. Toutes nos gammes de produits secs se retrouvent dans nos plats.

À quoi ressemble votre quotidien ?  

Mes journées ne se ressemblent absolument pas, mon quotidien est très varié et speed. J’essaye de passer au maximum dans tous les magasins pour voir mes équipes. Je suis très proche de mes employés, nous communiquons énormément. Ensuite, je m’occupe de toute la partie administrative et développement stratégique de l’enseigne.

Avez-vous d’autres projets ?

Notre grand projet c’est bien évidemment l’ouverture du magasin situé à Mersch. Nous travaillons également sur la digitalisation de la marque Alavita. Nous sommes déjà présents sur le web mais nous souhaitons améliorer l’expérience d’achat de nos utilisateurs. Nous mettons également en place des étiquettes électroniques dans tous nos établissements.

Que conseillerez-vous à une cheffe d’entreprise en devenir ?

En tant que cheffe d’entreprise, il est primordial d’être à l’écoute des attentes de ses employés. Il faut aussi être disponible tous les jours de l’année ou presque ! Sans mes équipes, je ne suis rien. Je n’ai rencontré aucune difficulté liée à mon sexe, je pense au contraire que c’est un atout. J’estime que nous avons notre propre façon de gérer une entreprise, très différente des hommes. Dernièrement, et c’est peut être le plus dur à faire, c’est qu’en tant qu’entrepreneur, il faut toujours tirer des lecons de ses échecs et s’en servir pour l’avenir.