Animée par la musique et la danse, AnnaKale est DJ depuis près de trois ans. Glamour, sexy et mélodieuse, la jeune femme vous raconte son parcours artistique. Mais pas seulement ! Curieuses ? Voici une interview rayonnante à l’image d’AnnaKale.

Par Fanny Muet / © Eudoxilia

AnnaKale, tu es une réelle artiste. Tu évolues dans le monde de la danse mais aussi de la musique. Tu es DJ depuis près de trois ans. Peux-tu nous en dire plus sur ton parcours ?

J’ai eu un contact avec la musique tôt, déjà lorsque j’étais danseuse en formation. Je choisissais les musiques pour les créations et les warm up, je créais les playlists pour mes profs. Je devais aussi créer les mixs de musiques pour les danseuses qui faisaient des concours.

J’ai commencé à apprendre à mixer en avril 2019 et j’ai eu ma première date en juin de la même année, sur le rooftop des Galeries Lafayette à Metz. C’était la fête de la musique et j’ai demandé s’il y avait de la place pour moi. Je voulais voir si j’aimais la scène et tout ce qui pouvait aller avec. Un ami qui organisait l’événement m’a laissé une place, à 14 heures. Je n’avais pas beaucoup de temps pour mixer mais il y a eu beaucoup de photos, de stories sur les réseaux sociaux et de fil en aiguille, j’ai été contactée par de nombreux établissements pour que je vienne y mixer. Je me suis donc lancée à fond.

Pourquoi as-tu choisi le domaine de la musique ? Pourquoi devenir DJ ?

J’avais certes déjà une platine chez moi mais c’est aussi, et surtout, la sensation au moment du show, la sensation que j’ai au moment de la préparation d’un set, toute la recherche à faire, s’intéresser à des artistes et à des sons nouveaux. J’ai toujours été de nature curieuse. Quand je faisais des mixs pour des spectacles, enchaîner des sons pour tout aille bien ensemble, créer des moods, une histoire, un univers pour transporter les gens. Pour moi, avec la musique, tu peux vraiment le faire assez facilement.

J’ai très vite eu envie de devenir DJ. Quand tu vas voir un artiste en concert, c’est quelque chose qui te sort de ton quotidien et c’est ce que je veux : quand les gens m’écoutent, je voudrais que cela les fasse voyager autant que moi cela me fait voyager. Je veux leur faire comprendre pourquoi j’aime autant ce monde.

Le fait de devenir DJ est-il aujourd’hui un choix professionnel ou bien simplement un loisir grâce auquel tu prends énormément de plaisir ?

En fait, c’était vraiment un kiff. Avec le Covid-19, j’ai continué à faire des sons, des lives Facebook et j’ai beaucoup participé au Quarantine Festival. En fait, il y avait des soirées avec pleins de DJ, sauf que c’était en ligne. Et ça a très bien marché.

Le souci, c’est qu’on pensait que le confinement ne serait pas long et que tout allait reprendre. Sauf que ça n’a jamais repris. C’est vrai que pendant un an, j’ai eu une année de flottement où je me suis posée énormément de questions, je me suis demandé si c’était vraiment ce que je devais faire. Comme je venais de commencer dans ce domaine pas longtemps avant ces événements, je ne savais pas si je devais tout faire pour percer là-dedans ou non, si je devais continuer ou pas. J’ai tout de même attendu un peu, après la réouverture de tout et la fin du confinement, parce que je me posais encore pas mal de questions aussi bien concernant le fait de continuer dans la musique, mais aussi dans la danse. Finalement, j’ai réussi à conjuguer les deux de façon assez naturelle.

As-tu des projets, maintenant que tu es lancée, que tu rêverais de réaliser ?

Le projet ultime serait de performer dans un show avec des danseurs d’exception un peu comme ce que fait le ballet de Marseille avec le collectif LA HORDE et le DJ RONE.
Évoluer dans une telle création (auditive, visuelle et corporelle) où chaque chose que le spectateur vit est une expérience unique. En 2022 j’ai participé à la Fashion Week de Paris en tant que danseuse pour la marque Calzedonia c’était pour le public une expérience immersive avec un Dj et un show de danse, et cela m’a beaucoup inspiré aussi ; devoir créer des moods pour que cela ait un lien avec ce qu’il se passe et pouvoir créer une ambiance propre à la marque et à l’univers de l’événement. Bosser pour des évènements de grande envergure avec un côté artistique très développé ça me parle à fond !
Ne rien laisser au hasard, créé des ambiances précises, travailler en collaboration avec toute une équipe artistique c’est ça qui me plairait. Je me vois bien faire le sound design de grosses marques de luxe dans le futur. (rires)

As-tu une signature ? As-tu un élément dans ton travail, ton identité qui fait que lorsque les gens t’écoutent, ils sauront reconnaître AnneKale ?

Je pense que j’ai des beats assez impactants, et il y a toujours un côté sexy, glamour quand je joue. Je pense aussi que ma personnalité ressort beaucoup à travers ma musique. Mais ce qui est aussi important, bien qu’il faille jouer ce que tu aimes personnellement, il faut aussi jouer ce que les gens aiment. Ce qui est intéressant, c’est de réussir à mixer les deux. C’est très dur mais il faut s’adapter. Je vais me baser sur un thème, un sujet qui me touche sur le moment et je vais trouver quelques sons qui vont traiter l’histoire que je vais vouloir raconter. Mais quand tu joues des sets de cinq heures, parfois c’est difficile d’avoir des sons toujours planifiés, mais au moins, cette idée crée un trame. Je me dis toujours que je vais me baser sur une dizaine de sons et que s’il faut que j’en trouve soixante autres, j’y arriverais. J’essaie toujours de raconter une histoire, parfois il y a des variations où le son monte, monte, monte puis une période plus linéaire où là je vais réussir à raconter quelque chose puis le son repart de plus belle ou s’adoucit encore. Il faut trouver une continuité. Après, je suis aussi très inspirée par les musiques de films. Je suis fascinée par ce genre de musique.

As-tu des nouvelles productions sur lesquelles tu travailles en ce moment ?

En musique, je travaille en ce moment sur deux nouvelles productions qui devraient normalement sortir avant l’été 2023. Je travaille donc avec un autre musicien, avec qui j’ai déjà bossé sur des créations en danse. Je le connais depuis déjà longtemps. On a déjà planifié plusieurs rendez-vous pour voir comment on allait avancer sur ce projet ensemble, ce qu’on pouvait faire et comment on pouvait voir les choses. C’est un rêve. Ici, on part de zéro. Mais je ne sais pas encore si je vais tout sortir d’un coup, ou si j’en sortirais un après l’autre. Je suis partie sur deux sons, je ne veux pas en faire plus pour le moment parce que cela demande déjà beaucoup de travail.

En danse, je pars pour TV5 Monde en Martinique au mois de mars pour des créations contemporaines. Il y a aussi le projet La Forêt. On a été pendant trois semaines en résidence de créations au Centre National de la Danse de Paris. Cet endroit est magnifique, tellement inspirant !

As-tu des conseils à donner à des jeunes, qui comme toi, souhaiteraient se lancer dans le monde de la musique, devenir DJ ?

Mon conseil est simple : faut le faire. En fait, pour moi, il faut un objectif précis, le garder en tête mais réussir tout de même à s’en détacher et travailler. Travailler, pas lâcher et même s’il y a que trois personnes qui voient ta vidéo par exemple, c’est pas grave ! Il faut continuer parce qu’un jour, peut-être, il y a une vidéo, un son qui va sortir qui sera vu par des millions de personnes et qui va beaucoup plaire. Il ne faut pas s’arrêter, se poser des questions mais pas dans le sens où si ça ne marche pas, ça ne marchera jamais. Il faut avoir son objectif, y penser et réussir pleins de petites choses pour pouvoir y accéder, étapes par étapes.

Après quand tu es une femme, c’est difficile de se faire une place en tant que DJ. Un peu moins maintenant, c’est vrai mais tout de même. Parce que, quand tu es une fille, tu n’as presque pas le droit à l’erreur. Moi en tant que femme, je trouve qu’un mec qui va mixer, s’il fait une erreur ce n’est pas grave, mais quand tu es une femme tu dois encore plus prouver que tu as ta place. Un peu comme dans plein de milieux professionnels j’imagine. Mais il faut se détacher de ça au maximum ! Il faut avoir ses objectifs et pas trop écouter les autres. Si, il faut écouter les critiques, bien sûr, les prendre et sortir ce qui, personnellement, ne t’intéresse pas et garder seulement ce qui sera constructif, négatif ou positif, pour toi.

As-tu quelque chose à rajouter ?

Mon rêve serait de vivre de ma passion de DJ. Je ne vis pas que de la musique, il y a la danse à côté. Mais j’aimerais vraiment pouvoir être juste DJ… mais j’aime aussi énormément la danse. En fait, j’aimerais pouvoir continuer la vie que j’ai actuellement ! (rires) Ce que j’ai là, je le veux mais toujours plus haut dans le sens où j’en veux toujours plus. J’ai envie de mixer pour une Fashion Week, pour une composition de danse contemporaine. J’aimerais, grâce à des résidences de création, travailler sur des bandes sons d’une heure qui vont servir à des artistes ou à un défilé. Faire des collab’ aussi, travailler avec plein de gens du milieu et je suis complètement ouverte à bouger. J’aimerais beaucoup travailler pour des marques au Luxembourg. Pour l’instant, je travaille seulement pour des événements privés, mais j’aimerais étendre mes expériences !