Comédienne, scénariste et réalisatrice, Anaïs Aidoud rode en ce moment son spectacle Coup de Folie. Une histoire de rencontres, à l’image de son travail et de sa vie. Elle a rencontré Jean-Yves Lafesse, par hasard, puis a été la baby-sitter du fils de Daniel Auteuil, avant de tourner, en juin dernier, son premier court-métrage aux côtés de Joey Starr et Dani. Des rencontres qu’elle fantasmait jusqu’à maintenant, mais des rencontres qui ont forgé sa personnalité.

Il y en a des histoires folles, tissées par le hasard de la vie, au gré des rencontres, dont chacun aimerait en être le personnage principal. Anaïs Aidoud, autrice, scénariste, réalisatrice et comédienne, en fait partie. 

Elle présente son premier one woman show Coup de Folie au Théâtre Le Lieu (Paris, IXème) depuis la rentrée 2021. Elle y raconte le bouleversement créé par la rencontre de Marie Chantal Bic, “une bourgeoise déjantée”, se débarrassant d’un livre de Jean Cocteau offert par un amant. Anaïs Aidoud s’aperçoit alors qu’elle est née un même jour que le poète, un siècle plus tard, et fantasme sur une possible réincarnation. Elle incarne alors les quelques-uns des nombreux personnages qu’elle croise durant cette période. 

Il y a plein de folie, plein de conneries, mais ce que je recherche, c’est la sincérité de la rencontre. Moi j’aurais bien aimé parler avec Jean Cocteau », déclare l’intéressée. Malgré quelques recadrages à venir (son spectacle est en rodage), sa folie et son énergie sur scène puisées d’un trou sans fond, sa dextérité à incarner des personnages hauts en couleur, et sa facilité à passer d’une bourgeoise à une voyante augurent une suite des plus encourageantes pour la comédienne.

Les rencontres que j’ai faites m’ont permis de me forger et de me trouver »

Le jour de notre rencontre, Anaïs Aidoud apparaît plutôt calme dans l’hôtel cossu du XVIème arrondissement dans lequel se déroule l’entretien. Yeux marron, chemise bleue claire rayée et taches de rousseurs timides, elle confie ne pas “s’économiser pour la scène». Car la scénariste doit en garder pour le hasard des rencontres. 

L’histoire d’Anaïs Aidoud a commencé dans un bar à Lille. Elle y croise l’humoriste Jean-Yves Lafesse qui enregistrait une émission de radio. Elle lui raconte son envie de faire du théâtre, il lui rétorque qu’un ami à lui, Philippe Peyran Lacroix, réalise des auditions pour son école de théâtre et cherche des comédiens et des comédiennes pour une pièce. Elle jouera un premier rôle en 2013 dans Les Pas Perdus, pièce adaptée de l’œuvre de Denise Bonal. 

Les rencontres que j’ai faites m’ont permis de me forger et de me trouver“. “J’ai été la baby-sitter du fils de Daniel Auteuil pendant trois ans », raconte la comédienne de 32 ans. “Je pense que le fait d’avoir un acteur comme lui devant moi m’a fait fantasmer l’écriture. Je me suis rendu compte à quel point le métier de scénariste était important ».

Fin septembre, Anaïs Aidoud a présenté son premier court-métrage Le Tournesol co-réalisé par Arnaud Mizzon au festival international Filmoramax. Là, encore une histoire de rencontre, celle d’une femme décidée à partir en Antarctique (Anaïs Aidoud) et d’un médecin en burn-out (Joey Starr). Elle doit partir, lui a une vie ici. “C’est cet instant de la rencontre sincère” que la comédienne cherche à raconter dans ce film, comme dans son spectacle. 

J’avais trop d’histoires pour avoir de l’attention pour l’école »

Née à Lille, Anaïs Aidoud grandit à Gruson, une commune des Hauts-de-France de 1.143 habitants, dans une famille de médecin. Son frère le deviendra à son tour. Elle, se dit plutôt cancre à l’école, ne se rendant pas compte de l’importance de celle-ci pour l’avenir. “L’école pour moi était un vivier d’émotions. J’écrivais des mots, je les balançais dans des boulettes [de papiers], dans la cour il y avait les copines, les garçons. J’avais trop d’histoires pour avoir de l’attention pour l’école ».

Grâce à sa grand-mère pianiste, elle apprend à jouer de l’instrument. Elle apprend aussi à jouer de la guitare, et aujourd’hui, maman d’une petite fille de 2 ans, s’en sert pour chanter avec elle. Anaïs Aidoud écoute de tout, dans le métro ou lorsqu’elle écrit. Son coup de cœur du moment s’appelle Joseph Chedid, qu’elle a contacté pour composer la musique de son court-métrage.

Sur son bras gauche est tatoué une flèche, “On m’a toujours appelé la flèche »,  une ancre sur le poignet droit, plus “un effet de mode », un revolver sur le pied, comme un clin d’oeil à l’expression’ se tirer une balle dans le pied’. Et un autre au-dessus de la culotte, “Once Upon a Time” pour “donner de la lecture aux aventuriers“, dit-elle sourire aux lèvres. 

Elle raconte et se raconte depuis toute petite, dans des journaux intimes ou des histoires “beaucoup dans l’absurde ». Déjà à Gruson, elle inventait des personnages qu’elle fantasmait et des histoires de rencontres. “J’étais dans mon village paumé et je me disais ‘si ça se trouve, il y a un mec à vélo qui va passer et va m’emmener‘ ». La jeune fille s’inventait : “Au lieu de vouloir partir, j’avais plutôt tendance à rêver et à être passive. Et depuis que j’ai rencontré Lafesse… » la suite n’a été que des rencontres.