Envie d’une comédie, d’un drame romantique, ou peut-être des deux ? Dans ce cas, pas d’hésitation ! Courez au Grand Théâtre découvrir la pièce On ne badine pas avec l’amour mise en scène par Laurent Delvert.

Par Karin Santer / © Bohumil Kostohryz

Cette œuvre d’Alfred de Musset, à la fois légère et dramatique, a plus de 180 ans et demeure totalement d’actualité alors qu’on s’est tous demandé un jour en s’aventurant à aimer, si l’on pourrait jouer avec l’amour ? L’histoire de Camille (Alice Borgers) et Perdican (Pierre Ostoya Magnin), respectivement élevés par le Baron (Jean-Michel Vovk) et Dame Pluche (Ninon Brétécher) , par ailleurs, totalement dépassés par les évènements, pose la question suivante : doit on prendre l’amour au sérieux ou pas ?

Car lorsque, après dix années de séparation, Camille de retour du couvent, retrouve son cousin Perdican, qu’elle a auparavant aimé et qu’elle doit épouser, cette dernière a perdu confiance dans les hommes et feint l’indifférence vis à vis de son cousin qu’elle aime pourtant, déclarant préférer vouer sa vie à Dieu plutôt que de prendre le risque de souffrir auprès de Perdican.

L’amour cède alors la place à l’affrontement entre l’amour et l’amour-propre, vérités et mensonges se succèdent et entraînent dans leur sillage Rosette (Sophie Mousel), la petite soeur de lait de Camille, à laquelle Perdican, froissé et désenchanté, va déclarer par dépit sa flamme , lui promettant de l’épouser !
En apprenant les véritables sentiments de Perdican, Rosette se suicide. Perdican et Camille sont à la fois victimes de leur inexpérience, de leur éducation, de la religion mais également de leur orgueil !

Pourtant le Choeur (Jérôme Varanfrain) promettait une belle fête en nous présentant d’emblée Camille et Perdican dont le père de ce dernier, la Baron, avait tout organisé et orchestré pour les marier! 
Il n’ y avait qu’à le suivre à la baguette, entouré de personnages grotesques comme Maître Bridaine (Stéphane Daublain) ou Maître Blazius (Joël Delsaut), le curé…

Interprétée par d’excellents comédiens et comédiennes, vêtus de magnifiques costumes (Catherine Somers), avec une dramaturgie de Sophie Bricaire et une scénographie de Philippine Ordinaire, cette pièce est résolument moderne et d’actualité, notamment et surtout lorsque les célèbres mots de George Sand, adressés à Musset dans une lettre sont dits par Perdican qui déclare « J’ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j’ai aimé ».

Fiction et réalité s’entremêlent alors. Une modernité du spectacle renforcée par le jeu de lumières (Steve Demuth) et la création sonore (madame miniature) qui le rythment et le rendent vivant tout en restant fidèle à la beauté du texte de Musset. Du grand spectacle.

Cette pièce sera encore jouée les 7, 8 et 9 mars 2023, à 20.00 heures au Grand Théâtre-Studio.