Amazon, le géant mondial de la vente par correspondance, s’est fait remonter les bretelles aux États-Unis par la FTC (Federal Trade Commission) pour certaines pratiques douteuses. La facture est salée : 2,5 milliards de dollars en amendes et remboursements.

Par Cadfael

Amazon, l’épicerie universelle

En juin, Amazon annonçait une capitalisation boursière de 2 343 milliards de dollars pour un endettement de 134 milliards. Ce groupe colossal, qui compte 315 millions de clients, dont plus de 80 % aux États-Unis, développe entre autres des activités dans le domaine de l’intelligence artificielle avec Alexa.
La nouvelle Alexa+ intègre l’IA, concurrençant ChatGPT d’OpenAI et Gemini de Google. La société veut passer des chatbots aux agents virtuels intelligents, suivant la stratégie des autres géants du secteur. Alexa+ : un avenir rayonnant pour les femmes et hommes d’intérieur.

L’incorruptible Khan

En 2021, Joe Biden nommait à la tête de la Federal Trade Commission Lina Khan, 32 ans, brillante juriste diplômée de Yale et professeure à Columbia. En 2017, elle avait publié dans le Yale Law Journal une étude intitulée « Le paradoxe antitrust d’Amazon ». À seulement 32 ans, elle accédait à la tête de la puissante FTC, la Federal Trade Commission, créée par le président Wilson en 1914. Son rôle : protéger le consommateur contre les pratiques illicites.
Khan s’est attaquée à Google, Facebook/Meta et d’autres géants du numérique. Une femme au nom à consonance étrangère, pugnace et démocrate, s’attaquant aux grands conglomérats souvent issus de la Silicon Valley, n’aurait pu survivre sous l’ère Trump. Elle fut remplacée par un fidèle du président en 2025.
Toujours est-il qu’Amazon doit à Khan un revers sensible : une amende globale de 2,5 milliards de dollars, l’une des plus importantes jamais payées à ce jour.

Amazon Prime

Selon la BBC, le groupe devait « répondre aux accusations portées par le gouvernement américain (c’est-à-dire la FTC), qui défend des millions de personnes ayant été trompées en s’inscrivant comme membres Prime (le service de streaming du groupe) et d’avoir rendu difficile l’annulation de leur abonnement. »
Au bout du premier mois de gratuité, un paiement mensuel devient obligatoire, pour une facture finale avoisinant les 139 dollars par an aux États-Unis. L’un des reproches faits à Amazon est de ne pas informer clairement sur les conditions d’abonnement ni sur les moyens d’éviter l’inscription à Prime lors du règlement des achats. Un autre concerne l’absence d’informations transparentes sur la manière de résilier l’abonnement lorsque le consommateur réalise qu’il s’est fait piéger.
Selon la FTC, « les preuves ont montré qu’Amazon avait recours à des pièges d’abonnement sophistiqués conçus pour inciter les consommateurs à s’inscrire à Prime, puis pour rendre extrêmement difficile la résiliation de leur abonnement. » Quelques jours avant la tenue du procès aux États-Unis, Amazon a accepté un règlement à l’amiable tout en déclarant avoir agi dans le respect des lois.
La multinationale a consenti à verser un million en amendes et 1,5 million en remboursements aux 35 millions de consommateurs victimes de ces pratiques entre juin 2019 et juin 2025.
La FTC a également précisé que l’entreprise devait désormais inclure des « informations claires et visibles » sur les conditions d’utilisation de Prime lors du processus d’inscription et proposer des « moyens simples » d’annuler le programme.

Une grosse goutte

Amazon ne divulgue pas de données précises sur ses consommateurs américains, estimés à environ 197 millions en mars 2025. Les 2,5 milliards de dollars d’amendes représentent 5,6 % des revenus du streaming d’Amazon l’année dernière.
« Une amende de 2,5 milliards de dollars est une goutte d’eau dans l’océan pour Amazon et, sans aucun doute, un grand soulagement pour les dirigeants qui ont sciemment porté préjudice à leurs clients », a déclaré Lina Khan sur les réseaux sociaux. « Un procès en bonne et due forme aurait été autrement plus douloureux. »
Selon le site de la FTC, Amazon doit également rembourser une soixantaine de millions de dollars aux chauffeurs utilisant leurs propres véhicules — une sorte d’Uber interne — pour livrer les colis Amazon. La société avait en effet empoché les pourboires destinés à ses employés.
L’impression générale qui demeure est que, pour toutes ces multinationales issues de la Silicon Valley, régulièrement condamnées, le respect du droit consiste souvent à en tester l’élasticité jusqu’au point de rupture. Et pour Amazon, ce point de rupture semble une fois de plus atteint.

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