Elle reconnaît que l’exercice a été difficile, mais que ce genre d’opportunité est tellement ‘challenging’ qu’il aurait été dommage de refuser. Depuis le début d’année, la gracile Italo-américaine Alithia Spuri-Zampetti est à la tête de la création de Paule Ka. De ses origines, on devine la fougue italienne et le souci d’absolu et de perfection américaine. Pas de doute que la transition se soit opérée en douceur.  «Mais à force de travail», précise-t-elle. Passée par les plus grandes maisons – Valentino, Lanvin et Bottega Veneta – l’idée de donner un second souffle à la maison française la séduit d’emblée. C’est ainsi que la discrète créatrice s’est lancé dans ce défi. A la hauteur de ses ambitions et de son talent.

 

Alithia voue une passion aux vêtements. Parce qu’elle a toujours baigné dans le milieu artistique – son père, architecte, avait une bibliothèque immense dans laquelle elle passait des heures et des heures – ses parents lui permettent de suivre des cours d’été à la renommée Central St Martins School College, à Londres. Révélation pour Alithia qui voit là la possibilité de conjuguer son amour pour l’art aux préoccupations esthétiques de toute jeune fille de son âge. A ses 18 ans, elle part donc pour la capitale anglaise et suit un cursus de quatre années, dont une année de stage chez Valentino. Où elle décroche son premier emploi sitôt son diplôme obtenu. Elle passe ensuite par Bottega Veneta, puis Lanvin, chez qui elle va travailler aux côtés d’Alber Elbaz six années durant. Quand l’opportunité se présente de reprendre la direction de la création de la maison française. Elle avoue avoir toujours été séduite par le challenge, mais également par la maison Paule Ka dont les codes correspondent à sa vision de la mode. Elle aime l’idée de pouvoir s’offrir une belle robe, élégante, sans être guindée, et sexy sans être provocante «sans y laisser son salaire», plaisante-t-elle. Le luxe et le street étant des créneaux saturés, elle voit dans ces marques intermédiaires une véritable voie à explorer, à développer et à porter le plus loin possible.

Pour ses premières collections, elle a réalisé un mariage entre les codes iconiques de la maison – le noir et blanc, le très féminin et les lignes graphiques – qu’elle a mixés avec son propre background, pour y insuffler sa veine, son histoire, sa vision de la mode. Son inspiration, elle la puise partout – et pas seulement dans l’art, qui est trop guindé, et pas assez proche de la réalité que représente le vêtement – mais surtout dans les textures, les jeux de matières. Elle affectionne les tissus fluides, si féminins, mais également le jacquard «qui est une vraie œuvre d’art à mes yeux. Ce mélange de fils est simplement incroyable. J’ai juste envie de le couper pour y créer des vêtements.»

Sa prochaine collection ira puiser dans l’imaginaire japonisant, mêlant les lignes graphiques, le noir et blanc – toujours – du judo et la facette si féminine des kimonos, des imprimés fleuris. «Je ne cherche pas à apporter un côté ethnique, je veux développer ces thèmes pour donner à voir autre chose.»

Sa douceur déroute et sa vision éblouit. Alithia s’apprête à écrire sans nul doute un très beau chapitre de la maison française, frappée par la grâce.

 

Le créateur qui l’inspire: Cristobal Balenciaga «Mon inspiration absolue. Du début à la fin, j’ai aimé toutes ses créations»

Son parfum: Un Jardin sur le toit, Hermès

Son endroit préféré: Rome «Paris est belle mais synonyme de travail; c’est à Rome que je me retrouve. C’est l’endroit pour moi qui est le plus relaxant et le plus inspirant au monde.»