Une scientifique du LIST (Luxembourg Institute of Science and Technology) nominée au premier concours international récompensant les initiatives contre les tests sur les animaux.

Le Lush Prize, fruit de la collaboration entre Lush et l’association Ethical Consumer Research, est l
 e plus grand fonds mondial récompensant les actions mises en place pour combattre les tests sur les animaux ; avec une récompense en jeu de 350 000£.

56 projets en provenance de 17 pays ont été sélectionnés pour leur travail, visant à mettre fin à l’expérimentation animale. Le Lush Prize, Prix annuel de 350 000 £, sera partagé entre les gagnants des cinq catégories.

Aline Chary, chercheuse au LIST (Luxembourg Institute of Science and Technology) est nommée dans la catégorie « Jeune Chercheur », prix qui encourage les jeunes scientifiques de moins de 35 ans à continuer leur travail de recherche. Originaire de Moselle, à la frontière du Luxembourg, elle a d’abord fait ses études à l’université de Metz où elle a eu l’occasion d’effectuer un stage d’introduction bibliographique sur la toxicologie des nanoparticules lui donnant le goût de la recherche scientifique. Elle a ensuite intégré l’Université de Nancy en Science Technologie et Santé. C’est pendant son Master de 2ème année qu’elle a eu l’opportunité d’effectuer un stage de six mois au LIST à Luxembourg durant lequel elle a pu travailler sur des modèles in-vitro de poumons pour tester le potentiel toxique des particules qu’on inhale. Ces recherches l’ayant beaucoup intéressées, elle a par la suite souhaité continuer sur ce sujet dans le cadre de son doctorat.

Elle a donc fait sa thèse de doctorat au LIST, co-supervisée par l’université de Trèves (Allemagne) sur le développement d’un modèle in vitro pour étudier le potentiel allergisant des produits chimiques au niveau des poumons. « Actuellement, aucun test n’est disponible pour tester la sensibilisation (première étape du développement des allergies) respiratoire. Au niveau européen pour le moment, seuls les tests in vivo développés et validés pour la sensibilisation de la peau sont utilisés pour tester la sensibilisation respiratoire, ce quin’est pas forcément le plus représentatif, les poumons et la peau étant des organes bien différents .

Il y a donc actuellement un besoin urgent de développer des tests in vitro pour tester ceci. » nous explique Aline Chary.

Elle a donc développé durant sa thèse un modèle in vitro qui contient quatre types de cellules humaines immortalisées : épithéliales alvéolaires, endothéliales, dendritiques et macrophages. Ces cellules sont ensuite exposées à des nuages de produits chimiques, reproduisant ainsi ce qu’il se passe dans les industries lorsque sont inhalés ces produits chimiques. Ce système peut également s’étendre et s’appliquer aux produits chimiques dans l’industrie cosmétique ou même pharmaceutique.

Grâce à ce modèle, plusieurs marqueurs ont été trouvés pour identifier les sensibilisants respiratoires. Ces marqueurs permettent également de différencier les produits chimiques irritants des produits chimiques sensibilisants. Elle a pu également trouver des marqueurs qui permettraient d’identifier les protéines allergisantes. « J’ai toujours été choquée par les tests sur les animaux, c’est pourquoi il me semble important de travailler sur quelque chose de concret qui permette de changer les choses à ce niveau. J’ai grandi avec des animaux et le bien-être animal compte particulièrement pour moi. »

Actuellement en train de rédiger sa thèse contenant l’ensemble de ses résultats, elle a d’ores et déjà publié un brevet afin de pouvoir utiliser ce système. Bien que les procédures soient assez longues, son modèle a été repéré par le Centre des Validations Alternatives et c’est à la suite de plusieurs examens que celui-ci pourra être validé et ensuite utilisé par d’autres scientifiques.

Aline fait partie d’une équipe de cinq à six personnes incluant deux superviseurs et plusieurs chercheurs. Le Lush Prize lui permettrait à elle et son équipe de pousser ses recherches afin de trouver une alternative au FBS (Fœtal Bovin Serum). Prélevé sur les fœtus de bovins, il est utilisé en laboratoire pour faire pousser les cellules des cultures cellulaires car il contient un taux élevé de facteurs de croissance. Une technique qui va donc à l’encontre des tests in vitro qui permettent d’éviter les tests sur les animaux mais qui font donc néanmoins appel à des substances animales en utilisant le FBS.

Introduit dans les années 50 et utilisé dans la plupart des laboratoires, Aline Chary souhaite sensibiliser les chercheurs au FBS en cherchant une composition alternative à celui-ci pour leurs lignées cellulaires.