26 ans : trop tôt pour changer radicalement de voie ? Certainement pas pour Alexandra Kahn. Exit les études de finances et de gestion, exit l’Asie, elle revient en Europe avec une seule idée en tête : vivre de sa passion. Un rêve qui la conduira au Grand-Duché, afin de prendre la reprendre la seule chocolaterie artisanale du pays – sans successeur depuis le décès de sa fondatrice Geula Naveh –  et lui donner un nouveau visage et de nouvelles ambitions. Un pari un peu fou, qu’elle ne regrette pour rien au monde.

Nous l’avons rencontrée. 

S’il n’y avait qu’une seule chose à retenir de votre parcours, ce serait…

La passion (sourire). Avant de reprendre la Chocolaterie Genaveh, je travaillais dans le luxe, en Asie. Même si j’aimais beaucoup mon travail, il ne me passionnait pas. En revanche, j’ai toujours voué une adoration sans borne aux métiers de bouche. Un jour j’ai décidé de choisir la passion. J’ai fait un stage chez Cyril Lignac, puis j’ai été acceptée à l’Ecole Ferrandi (une prestigieuse école de pâtisserie où les places sont très chères, ndlr.). C’est à ce moment que l’opportunité de reprendre cette chocolaterie s’est présentée. Épaulée par mon père, j’ai bien pesé le pour et le contre, et j’ai finalement décidé de laisser ce projet pour le moment – je ferai un jour l’Ecole Ferrandi, j’en suis convaincue – pour me lancer.

Avez-vous des regrets ?

Aucun. Peut-être celui de ne pas l’avoir fait avant !

Quelles difficultés avez-vous traversées dans votre carrière professionnelle et comment les avez-vous surmontées ?

Je dirais que j’ai pu souffrir de ne pas savoir ce que je voulais faire vraiment. Ou, plutôt, de ne pas me l’avouer, car cette passion, même si elle était enfouie tout au fond de moi, a toujours été là ! J’ai beaucoup hésité avant de prendre ma décision. La révélation est venue le jour où j’ai compris – et accepté – que je pouvais tout à faire embrasser une carrière qui ne correspondait pas aux études que j’avais faites.

votre propre société n’aurait-il pas été un projet plus ‘challenging’ pour vous?

J’aurais aimé, mais il est vrai que reprendre cette chocolaterie était plus simple. Et, malgré tout, j’en ai fait ma société, puisque je crée quelque chose en apportant un nouveau souffle, en écrivant un nouveau chapitre de son histoire. C’était aussi un véritable défi que d’intégrer une petite équipe qui travaillait ensemble depuis des années déjà, d’y trouver ma place et de réussir à créer une nouvelle dynamique pour aller de l’avant tous ensemble.

Comment trouver sa place dans une petite équipe ?

Cela n’a pas été simple, car je suis arrivée à Noël, l’année passée. J’ai été immédiatement dans le rush, et la période n’était pas vraiment propice pour prendre le temps de faire connaissance. Cela n’est venu qu’après, et ça a tout de suite bien fonctionné. Je suis jeune, je plaisante souvent, cela facilite les rapports humains !

Comment voyez-vous l’avenir de la Chocolaterie Genaveh ?

Oh, laissez-moi arriver à mi-décembre, pour l’instant, je n’ai pas le temps de voir à deux jours (rires) ! A long terme, j’aimerais que notre chocolaterie devienne LA référence à l’international.

Est-ce plus difficile de diriger une entreprise lorsque l’on est une femme, selon vous ?

On m’avait mise en garde, mais je dois vous avouer que je n’ai rien ressenti de tel. Idem pour mon âge. Au contraire, ces deux choses ont plutôt été des atouts. Je suis dynamique, ça plaît. Mon équipe est composée de cinq femmes contre un seul homme, cela joue aussi peut-être (sourire) !

De quelles qualités un bon manager doit-il faire preuve ?

Être multitâche ! Ici, je fais tout, de la production à la comptabilité, en passant par le marketing, le commercial ! J’ai besoin de « mettre la main à la pâte », pour comprendre comment cela fonctionne.

Comment réussissez-vous à jongler entre vie perso et vie pro ?

C’est assez difficile en ce moment, car je n’ai ni soirées ni week-ends. Heureusement, ma famille et mon compagnon sont compréhensifs. Cela me facilite les choses.

Quel conseil donneriez-vous aux femmes qui souhaitent accéder à des postes à responsabilités ?

Écoutez vos passions et faites ce qui vous plaît !