Vêtu de l’habit d’académicien, épée à la main, nous avons pu apercevoir le philosophe Alain Finkielkraut sur le trottoir de la rue de Paris, en direction de l’Académie Française où il s’apprête à faire son entrée, après avoir été élu en avril 2014 par 16 voix sur 28.
Son ami et historien de renommé Pierre Nora viendra à la tribune prononcer les éloges, après avoir céder à ses «amicales pressions» pour venir siéger dans l’hémicycle.
Le petit-nouveau
Le professeur de littérature des années 70, qui n’hésitait pas à citer Mérimée, lui-même élu en 1844, lorsqu’il parlait des académiciens comme «les messieurs du quai Conti», pour se moquer de ce bastion qu’il jugeait alors bourgeois, est désormais un de ces membres. Ironie du sort ou changement de cap intellectuel? Finkielkraut n’a clairement plus les mêmes opinions. Aujourd’hui, ce n’est plus le même discours qu’il tient, décrivant ce lieu comme «le rempart de la civilisation». Après lui avoir remis son épée lors d’une cérémonie sobre mais solennelle, le lundi 18 janvier au Centre National du Livre, il est temps pour le philosophe de 66 ans de venir siéger aux côtés de Erik Orsenna, Amin Maalouf, François Cheng ou encore Jean d’Ormesson, pour ne citer que les plus connus. Ce-dernier avait même menacé de plus mettre les pieds à l’Académie Française si son ami n’était pas élevé au rang d’immortel. Une façon de forcer la main à ceux qui ne sont pas clients de la pensée finkielkrautienne.
Une élection controversée
L’auteur de La Défaite de la pensée ou du très polémique L’Identité malheureuse, obtient en ce jour une des plus hautes distinctions du milieu littéraire, en se voyant le droit de siéger à l’Académie. De nombreuses voix se sont élevées dans les milieux intellectuels ou dans l’opinion publique contre cette nouvelle. Sa philosophie n’a jamais fait l’unanimité et il est souvent attaqué lorsqu’il descend dans ce qu’il nomme «l’arène médiatique». Quoi qu’on en pense et quoi qu’on en dise, il aura au moins eu le mérite de marqué l’histoire de la télévision avec une quantité astronomique d’échanges qui firent un buzz sur internet. Toujours est-il que le voila plus que jamais dans le paysage littéraire français.
Etienne Poiarez