« Une langue différente est une vision différente de la vie », dixit Federico Fellini. Rien que pour cela, il importe de veiller à ce que ses enfants maîtrisent au moins deux langues. Ce n’est pas en leur insufflant trois mots d’anglais au petit-déjeuner ou en les obligeant à se taper des séries en chinois qu’ils le deviendront. Mais avec de la motivation et du travail, rien d’impossible. Voici quelques outils, conseils et bonnes pratiques pour aider ses enfants à devenir bilingues (ou à s’en rapprocher).

Par Fabrice Barbian

Favoriser le bain linguistique

Et cela sans attendre partant du principe que le cerveau des enfants est comme une éponge qui absorbe tout sur son passage. Il est clair que si les parents ont des langues maternelles différentes, ça va être du velours que d’en favoriser l’apprentissage. Cela dit, rien n’empêche de s’attacher à « transmettre » aussi une langue que l’on maîtrise bien (et tant pis si ce n’est pas parfait). Mieux vaut tout de même que l’accent suive. Parler l’anglais avec un accent français de chez « freinche », faut voir si cela participe vraiment à enrichir l’oreille du petit. Avec les très jeunes enfants ce qui compte, en tout cas, c’est de les familiariser avec des sonorités différentes. Pour qu’ils aient quelques repères (notamment s’ils sont en contact avec 3 ou 4 langues différentes), il est conseillé d’associer une langue avec un moment de la journée comme, par exemple, ne parler l’allemand qu’au cours du petit-déjeuner et l’espagnol à l’heure du bain.

En s’amusant

Que l’on soit clair, tout cela doit se faire avec plaisir, en s’amusant et il est assurément utile d’exploiter tous les supports disponibles : jeux, dessins animés, livres, applis (pédagogiques), films… L’offre est pléthorique y compris en ligne. En ce qui concerne les séries, les dessins animés ou les films, Netflix a pour avantage de permettre de les voir en VO sous-titrée mais pas uniquement. Sur Netflix mais aussi sur YouTube, une extension Google Chrome appelée Language Reactor (ex Learning languages with Netflix) est également disponible. Concrètement, elle permet d’avoir deux lignes de sous-titres à l’écran. La première c’est votre langue natale pour bien comprendre ce qui est dit dans la scène. La seconde ligne s’affiche dans la langue étrangère que vous souhaitez apprendre (ou découvrir). Cela ne fonctionne pas pour l’ensemble du catalogue Netflix mais l’offre s’étoffe.

De la… substance

Parler des langues différentes c’est bien mais c’est encore plus savoureux quand cela s’accompagne d’histoires, de découvertes, d’images, d’émotions et d’escapades. Apprendre l’italien, c’est plus sympa en dégustant l’une ou l’autre spécialité culinaire de l’Italie, en regardant un reportage sur Venise ou Rome, en racontant ses souvenirs de boum, lorsque le Ti Amo d’Umberto Tozzi, animé le dancefloor. Oui, bien entendu, en prenant soin de faire un petit tri, inutile d’entrer dans les détails. La musique et les chansons ont assurément toute leur place dans l’apprentissage d’une langue.

Pratiquer, pratiquer et… pratiquer encore

Habituer l’oreille, attiser la curiosité, jouer les perroquets… C’est toujours bénéfique mais à un moment va falloir s’y mettre sérieusement tout de même. Et pratiquer. Bien évidemment que maîtriser les règles de grammaire et les verbes irréguliers est nécessaire mais ce n’est pas la priorité des priorités.  Dès que les bases sont acquises, il faut que les enfants puissent se lancer pour parler, échanger, discuter…  Une langue s’apprend en la pratiquant. Bien entendu qu’il y aura des erreurs et qu’il importe de les corriger. Mais ce n’est pas le plus important. Ce qui compte, c’est de parvenir à se faire comprendre de ses interlocuteurs et dialoguer. Pour « pratiquer », différentes options sont sur la table. Inscrire l’enfant dans une école bilingue (et même trilingue), ce qui au Luxembourg ne pose assurément aucune difficulté, c’est certain.

Sauf peut-être si l’ambition est d’apprendre le suédois, le khmer ou l’arabe. D’autres leviers sont alors à activer comme des cours collectifs ou particuliers, dès 6 ou 7 ans. Une autre option consiste à embaucher une nounou ou une jeune fille (ou un garçon) au pair, maîtrisant la langue désirée, par exemple. Pour les ados et pour un apprentissage plus soutenu encore, cela peut encore s’enrichir de séjours linguistiques durant les vacances scolaires, pour de véritables immersions. Ce ne sont pas les possibilités qui manquent. Enfin, rien n’empêche l’enfant, devenu grand d’aller faire ses études à l’étranger ou d’opter pour des cursus bilingues au lycée, à l’université ou dans de grandes écoles.

Comme la gymnastique ou le piano

Pour progresser dans une langue, il importe de la « pratiquer » régulièrement et d’inscrire l’apprentissage dans la durée. Comme pour une activité sportive ou le piano, c’est en s’entraînant régulièrement (comprendre 2 ou 3 heures par semaine) que l’on progresse. Et nul doute que les progrès sont plus significatifs quand on se fixe un objectif à atteindre ou que les sources de motivation sont bien identifiées. Pour l’apprenant, pouvoir clairement répondre à la question « pourquoi je veux apprendre cette langue ? », est déjà un très bon point.