Impossible, pour Lili Barbery-Coulon de ne songer qu’un seul instant bien commencer sa journée sans un délicieux petit-déjeuner. Le début de tout, et surtout d’un très beau (et bon) livre dans lequel la journaliste et blogueuse française confie toutes ses recettes préférées, « testées et approuvées ».

L’occasion pour nous de lui poser quelques questions !

Le préambule de votre ouvrage Pimp my breakfast est un témoignage sincère sur votre rapport au poids ou à l’alimentation. Était-ce fondamental de commencer par là ?

Ou, parce que cet éloge du beau nourrit un besoin de réparation. Il fallait trouver un moyen de me réconcilier avec mon assiette et, par la même occasion, avec mon corps. À force de régimes, le petit-déjeuner, qui a toujours été mon repas préféré, était devenu assez barbant : je mangeais tout le temps la même chose. Par habitude et par manque d’idée.

Malgré tout, je ne voulais pas que l’on puisse traduire ces recettes de petit déjeuner comme une injonction à la perfection le matin. Il me semblait important d’expliquer cette petite maniaquerie qui m’a, au bout du compte, véritablement aidée à aller mieux.

Où en êtes-vous avec votre poids, votre rapport à votre corps à présent ?

Je suis stable depuis un an et demi, avec les fluctuations habituelles que l’on connaît pendant les vacances ou les fêtes. Mais j’avoue ne pas beaucoup surveiller mon poids. J’observe surtout la manière dont je me sens dans l’un de mes jeans qui ne contient aucune fibre stretch : il ne ment pas (sourire) ! Quant à mon corps ? Et bien, je dois avouer, pour la première fois de ma vie, qu’il me plaît tel qu’il est. Il ne ressemble pas à celui des mannequins que j’ai adoré admirer quand j’étais ado. Ni à celui des filles archi minces que l’on valorise de nos jours. Mais il me plaît tel qu’il est. Il aura tout de même fallu que j’attende d’avoir plus de 40 ans pour faire une telle déclaration (rires)!

Racontez-nous la genèse de ce livre ?

Tout a commencé sur Instagram. Je prenais régulièrement des photos de mes petits déjeuners avec le hashtag : pimp my breakfast. L’expression vient de «  Pimp MY Ride », une émission de télé sur MTV dans les années 90 et 2000. On y voyait des pros du tuning refaire entièrement de vieilles casseroles et les transformer en voitures de course, cela n’a rien à voir, mais j’ai eu l’idée de l’employer pour le petit-déj (rires) ! Au fil du temps, c’est devenu un rendez-vous récurent, que ma communauté s’est mise à reprendre à son tour. L’an dernier, plusieurs maisons d’édition m’ont approché après mon départ de M le magazine du Monde pour me proposer différents projets. Parmi eux, un agent littéraire m’a suggéré d’écrire un livre de recettes un livre que je baptiserais Pimp My Breakfast, avec les Éditions Marabout. D’un coup, cela m’est apparu comme une évidence ! Mon mari, Bastien Coulon, étant directeur artistique, il était tout naturel que je le fasse avec lui. Ensemble, nous avons tout shooté dans notre cuisine, souvent aidés de notre fille Jeanne. C’est vraiment HOME MADE (rires) !

Comment élaborez-vous vos recettes ?

Je les note au fil de mes voyages depuis des lustres (rires) ! Du coup, j’ai des tonnes de carnets remplis de trucs griffonnés. Je teste aussi des recettes que je trouve sur Internet, mais, pour tout avouer, je cuisine à l’instinct et sans verre mesurable, au gré de mes envies.

Pour le livre, il a fallu adapter une autre démarche, évidemment ! J’ai vraiment tout pesé et mesuré afin de rendre l’ensemble transmissible. Ensuite, pour moi, c’est important de toujours voir s’il est possible de réduire la quantité de sucre ou de la remplacer par des fruits (frais ou secs), de remplacer les produits laitiers par des boissons végétales. Mais ce n’est pas systématique. Parfois, le lait de vache a toute sa place et la recette est bien meilleure avec. Je réfléchis toujours au sens des ingrédients. Je sais que certain.e.s vont trouver les recettes trop peu sucrées à leur goût, c’est pourquoi je les invite à ajouter du sirop d’érable, du miel ou du sucre de coco.

Il y a presque autant de recettes que de jours dans une année ! Les avez-vous toutes goûtées ?

Non seulement, je les ai essayées, mais je les ai toutes réalisées et pas qu’une seule fois (rires) ! La brioche (la recette est ici), notamment, m’a demandé un nombre incalculable de tentatives. À un moment, on s’est même demandé si on n’allait pas en acheter une chez le boulanger du coin (rires) ! Mais je n’ai rien lâché ! Et ça a fini par fonctionner !

Partout, on préconise de manger sans : gluten, lactose, sucre, viande… Quel est votre avis sur la question ?

Je déteste que l’on juge les gens sur la manière dont ils se nourrissent. J’ai encore plus horreur que l’on m’interdise des aliments. Je pense qu’il n’y a qu’une seule clé pour se sentir bien : écouter son corps, écouter ses sensations, sentir si l’on a très faim ou pas du tout, écouter son envie. Si on a tout le temps mal au ventre et que l’on remarque que l’on se sent mieux en excluant un ingrédient, pourquoi pas ? Si, pour des raisons dogmatiques, on ne supporte pas de manger un animal, je le comprends. En revanche, je n’ai pas envie qu’on me tape sur les doigts lorsque je sale mes œufs (le sel, c’est mal) ou que je tartine mon pain au blé avec du beurre salé. Et puis, plus on varie son alimentation, moins on a de chance de répéter quotidiennement la même erreur ou d’avoir des carences. Mais bon, je ne suis pas naturopathe ni nutritionniste, il me semble que c’est juste une question de bon sens.

Croyez-vous toujours en l’adage « petit déjeuner de roi, déjeuner de prince et dîner de pauvre » ?

Pas du tout ! Je n’y ai jamais cru. Je connais des personnes très minces qui font exactement le contraire et qui se sentent très bien dans leur peau. Encore une fois, la réponse pour moi est : de quoi ai-je vraiment envie ? Est-ce que j’ai très faim ? Il arrive qu’après un dîner très copieux on n’ait pas très faim au réveil le lendemain. Doit-on se forcer pour autant ? Ce serait dommage. Le corps, quand on l’écoute, est si bien fait ! Moi, j’aime trop manger pour me contenter d’une soupe en guise de dîner.

Quelle est votre routine alimentaire ?

Les fruits et les légumes constituent la base de mes repas. S’il n’y en a pas, je suis rapidement d’humeur exécrable. À l’étranger, par exemple, lorsque nous sommes contraints d’aller dans des restaurants où il n’y a pas de légumes, je peux tenir deux ou trois repas, mais après, je pète les plombs (rires) ! Ensuite, je mange de tout. Un peu de viande rouge, mais assez rarement. Un peu de poisson. J’essaie juste de bien choisir les plaisirs sucrés : quitte à manger une pâtisserie, autant qu’elle soit délicieuse et qu’elle m’apporte une vraie satisfaction.

Quelle est votre recette préférée ?

J’avoue adorer la recette des crumpets. Malheureusement, elle est assez longue à préparer donc je n’en fais pas tous les quatre matins. Du coup, quand j’ai une envie irrépressible, je fonce chez Marks and Spencer. Sinon, au quotidien, j’adore le bol d’açai aux fruits rouges. Ça prend deux minutes à préparer, c’est délicieux et vraiment rassasiant.

Quels sont vos projets ?

Continuer à nourrir mon blog lilibarbery.com et pratiquer encore plus de yoga kundalini. Je pars d’ailleurs samedi faire une formation d’une semaine un peu intense ; je suis impatiente !

Pimp my breakfast, Lili Barbery-Coulon, aux Éditions Marabout