La crise économique déclenchée par la pandémie du COVID-19 et les mesures prises en réaction par le gouvernement luxembourgeois gonflent les dépenses de l’Etat, alors que les recettes dérapent, estime le Statec dans son dernier Conjoncture Flash. Au 2ème trimestre 2020, les impôts encaissés ont reculé d’un quart sur un an.

A l’issue du premier semestre 2020, l’Etat a collecté 1.1 milliard d’euros d’impôts de moins que l’année passée, soit un net repli de 12.5%. Tandis que le bilan était déjà légèrement négatif au 1er trimestre (-1.8% sur un an), les rentrées ont pleinement encaissé le coup au 2ème (-25%).

Le fisc a subi un double choc : d’abord celui de la dégradation des bases fiscales, notamment les salaires, les bénéfices et la consommation, puis, celui de l’allongement des délais supplémentaires pour soulager les acteurs économiques rencontrant des problèmes de trésorerie. Le déconfinement et l’encaissement des impôts reportés devraient toutefois soutenir le rebond des recettes fiscales sur la deuxième moitié de l’année, explique l’institut de statistiques. Malgré tout, au total, les recettes fiscales – à l’instar de leur bases – ne retrouveraient pas en 2020 et 2021 les niveaux anticipés avant la crise.

Dommage collatéral

Le recul des impôts enregistré au premier semestre 2020 provient surtout des impôts sur les sociétés. Ces derniers ne faiblissent pas uniquement suite à la crise Covid-19. Déjà au premier trimestre, ils se comparaient très défavorablement aux rentrées exceptionnellement élevées du début de 2019. Au 2ème trimestre, l’annulation des avances trimestrielles et les autres délais de paiements accordés ont réduit les encaissements de moitié par rapport à l’an dernier.

Les recettes de TVA et les droits d’accises avaient encore progressé de quelques 4% sur un an au 1er trimestre, avant de s’effondrer de plus de 35% au 2ème. Cette évolution se traduit par des moindres recettes de respectivement 320 et 130 millions d’euros, à l’issue du premier semestre de l’année.

L’affaissement des recettes d’accises reflète celui des ventes de carburants et tabacs principalement. Ces dernières ont souffert du confinement et des limitations de déplacements transfrontaliers, mais ont commencé à se redresser avec la fin des restrictions. Cette reprise devrait cependant être limitée par le ralentissement économique (moins de ventes aux transporteurs routiers), le recours encore significatif au télétravail et les limitations récemment mises en place par le gouvernement français quant au transport de cigarettes.

Un rattrapage est plus probable du côté de la TVA, comme la chute enregistrée découle en partie des délais de déclarations et de paiements supplémentaires accordés, ainsi que du remboursement accéléré de la TVA payée en amont. Au final, il y aura tout de même une perte sèche directement liée au tassement de la base fiscale.

Les impôts sur les ménages résistent

Contrairement aux autres grandes catégories d’impôts, ceux perçus sur les revenus des ménages ont continué à progresser au 2ème trimestre, quoique moins rapidement. Grâce notamment, au dispositif élargi du chômage partiel, les pertes de revenu ont été limitées, de sorte que l’impôt retenu sur traitements et salaires a encore progressé de près de 6% sur un an, au 1er trimestre. Le ralentissement reflète ainsi surtout l’affaissement de l’impôt sur les revenus de capitaux et de la partie de l’impôt fixé par voie d’assiette.

Pour l’ensemble de 2020, le STATEC s’était attendu à un repli marqué des recettes publiques totales de plus de 5%, suivi d’un rebond de taille similaire l’année prochaine. Comme, parallèlement, les dépenses devraient s’envoler cette année, les caisses de l’Etat enregistreraient un net déficit de 6%.

Conjoncture Flash Juillet 2020 – STATEC

À LIRE AUSSI