Début des années 2000. Nouveau millénaire, nouvelle ère. Un changement sensible survient dans l’univers pourtant très fermé de la joaillerie. Dire qu’Aurélie Bidermann a contribué à métamorphoser ce milieu ultra codifié n’est en aucun cas une hyperbole. Une décennie plus tard, son style est bien ancré dans les esprits. Les cœurs également. Rien d’étonnant, donc, à ce que la maison française Poiray débauche, début 2017, la créatrice pour en faire sa nouvelle directrice artistique.

Un challenge qu’elle a accepté avec joie, tout en souhaitant poursuivre le développement de la marque. Elle nous raconte son histoire et un peu plus encore.

Solaire

Aucun adjectif ne lui correspond davantage . Longiligne, blonde, grands yeux d’un bleu aigue-marine envoûtant. Timbre de voix chantant. Une aura rayonnante enveloppe la Parisienne qui a le don de transformer en or tout ce qu’elle touche. Au cours de notre entretien, la moindre anecdote se teinte d’émerveillement.

Lorsqu’elle se décide à créer sa marque, en 2004, elle n’a pas conscience de l’incroyable impulsion qu’elle va apporter au secteur de la joaillerie, qui ronronnait depuis quelques temps. De l’or pur, mais surtout une touche de couleur qui transcende la moindre de ses créations. « Avec des parents esthètes comme les miens, je baigne dans le monde de l’art depuis mes plus jeunes années. J’ai d’ailleurs suivi des études dans ce domaine. Les voyages feront le reste. » Sa mère, qui a toujours porté de beaux bijoux, achèvera de nouer l’intrigue de son destin en l’orientant dans cette voie. Royale.

Quand elle décide de se lancer dans la joaillerie, c’est avec l’idée de créer des bijoux que l’on ne voyait pas ailleurs. Elle rompt avec la tradition et le classicisme pour ouvrir la voie à une nouvelle ère, apportant un grain de folie dans cet univers parfois poussiéreux. A raison. Avec une première collection de bijou porte-bonheur baptisés Charm’s, elle ne pouvait que s’attirer de doux auspices. Très vite, ses créations s’érigent au rang d’icônes – à l’instar des lignes Copacabana ou Dentelle – et s’imposent comme sa signature. Mais son fil rouge reste indéniablement l’utilisation de la couleur en touche, qui vient rehausser ses créations. Et qui vont engendrer toute une lignée de créateurs qui marcheront dans ses pas. Aurélie Bidermann, leader ? « Cela me touche. Il n’y a pas de plus bel hommage que d’inspirer des gens. »

Depuis plus de dix ans, sa marque vogue sur un succès pérenne. Une réussite qui lui a permis d’accepter la proposition du joailler Poiray. « M’associer à leur image m’a tout de suite plu. Nos deux maisons partagent des codes similaires, une joyeuse impertinence, l’amour de la couleur et une approche désinvolte et décomplexée des bijoux. » A elle à présent d’insuffler un peu de sa veine solaire à leurs créations afin de rafraîchir et de transcender leur image.

Pour autant, hors de question de mettre sa maison entre parenthèse. Ces deux exercices de style vont de pair et les calendriers s’épousent…

L’Attrape Coeur

De cette collaboration est déjà née une première collection, L’Attrape-Cœur, pour laquelle la créatrice a revisité l’un des symboles historique de la marque. De la finesse, une touche de couleur apportée par des pierres semi-précieuses et un nom éminemment littéraire évocateur de voyage, d’ailleurs, de rêve. Entre ses mains, ce bijou classique devient un talisman aux airs bohèmes, parfaitement dans l’air du temps, mais surtout véritablement intemporel. « Plus que n’importe quels autre accessoires, les bijoux sont porteurs d’émotions et racontent une histoire. C’est pourquoi je veux que mes créations traversent les âges, puissent toucher toutes les femmes et se marier à tous les styles. » Existe-t-il d’ailleurs des faux-pas en la matière. La joaillière assure que non et prône d’ailleurs le « more is less » : « On ne met jamais trop de bijoux. Je ne pense pas non plus qu’il y ait de bons – ou de mauvais – conseils en la matière. Il faut suivre ses instincts, ses envies. Au quotidien, par exemple, je porte constamment neuf bracelets à gauche, trois à droite et une multitude de charm’s sur une chaîne autour de mon cou. Ils ne me quittent jamais. Si je sors, j’y rajoute des grosses pièces que je choisis en fonction de ma tenue. J’aime cette idée de mélanger les genres, les codes, les métaux. Afin de créer un style unique, le sien. » Et celui d’Aurélie ? « B-Plutôt bohème l’été, très parisienne, le reste de l’année ! (rires) ». Forcément, cela va de soi pour cette habitante de la Rive Gauche qui s’émerveille encore chaque jour de tous ces petits rien qui émaillent son quotidien : traverser les Tuileries pour rejoindre son QG, Rive Droite, des dîners avec ses amis à la maison, son enfant, qui lui a d’ailleurs inspiré une collection : Lily of the Valley. Cette fille-là est douée pour le bonheur. Une leçon qu’elle appliquera à n’en pas douter à la maison Poiray qui vient d’entrer dans une ère résolument solaire.