UNE ENFANCE EN COREE DU NORD

Impossible de lire L’anniversaire de Kim Jong-il (Delcourt), à paraître mercredi, sans un pincement au coeur. En Corée du Nord on ne fête pas les anniversaires… sauf, évidemment, celui du “cher dirigeant”. Jun Sang, 8 ans, né le même jour que Kim Jong-il, pense vivre au paradis. Les somptueuses célébrations pour fêter l’anniversaire du dirigeant nord-coréen semblent s’adresser un peu à lui, pense le petit garçon. Mais les choses se gâtent au paradis. On manque de tout. La famine guette. La famille tente de passer en Chine mais est arrêtée et se retrouve dans un camp de rééducation. L’illustratrice Mélanie Allag abandonne sa palette de couleurs pour le noir et blanc taché parfois d’un rouge sanglant. Même libéré du sinistre camp, le cauchemar de Jun Sang continue. La dernière planche de cette histoire superbement racontée par Aurélien Ducoudray nous laisse la gorge nouée.

L’anniversaire de Kim Jong-il d’Aurélien Ducoudray et Mélanie Allag, 128 pages couleurs, 16,95 euros, Delcourt

ET UNE ENFANCE IRAKIENNE

C’est une histoire de l’Irak à hauteur d’enfant que raconte Coquelicots d’Irak (L’Association), album à quatre mains où Lewis Trondheim met en images les souvenirs de sa compagne, la coloriste Brigitte Findakly qui a vécu ses dix premières années à Mossoul. Composé de petites vignettes épurées, l’album revient sur cette enfance irakienne au début des années 1960. Brigitte Findakly se souvient des pique-niques sur le site archéologique de Nimrod (partiellement détruit par les islamistes en 2015), de l’école, de sa famille partagée entre l’Irak (du côté de son père) et la France (du côté de sa mère). L’album est aussi l’occasion d’en savoir un peu plus sur l’histoire de l’Irak où, avant l’arrivée au pouvoir de Saddam Hussein, les coups d’Etat se succèdent. Il y a des scènes touchantes (“les bons souvenirs”) sur la vie quotidienne, d’autres horribles quand est notamment évoquée la guerre Irak-Iran. Après la chute de Saddam Hussein, les chrétiens d’Irak (la famille paternelle de Brigitte Findakly) prennent le chemin de l’exil. De l’Irak ne reste que la nostalgie qui fane comme les coquelicots.

Coquelicots d’Irak de Brigitte Findakly et Lewis Trondheim, 112 pages couleurs, 19 euros, L’Association

UNE DEBACLE

Juin 1940, après des mois de “drôle de guerre” les armées allemandes fondent sur la France. Vite c’est la débâcle. Milliers de civils errant sur les routes, armée française en débandade. Pascal Rabaté revient sur cette “étrange défaite” dans La déconfiture (Futuropolis), premier tome d’une série qui en comptera deux. On suit le destin d’Amédée Videgrain, soldat perdu dans une guerre qui n’a plus de sens. L’album, à paraître jeudi, se décline entre noir et gris. Sensible et juste.

La déconfiture de Pascal Rabaté, 96 pages en bichromie, 19 euros, Futuropolis

RETRO-FUTURISME

Nous sommes en 1942, la guerre fait rage en Europe et dans le Pacifique. A New York des sans-abris disparaissent, on est sans nouvelle d’un savant humaniste et d’étranges lueurs sont aperçues au fond de l’East River. Les trois fantômes de Tesla (Le Lombard), premier tome d’une série de trois, c’est la Seconde Guerre mondiale revue par Jules Verne et H.G. Wells. Détail révélateur: le livre de chevet de Travis, le jeune garçon héros de cet album, est “La machine à explorer le temps”. Mais c’est bien à “La guerre des mondes” que l’on songe en lisant les dernières planches de cet album mystérieux et captivant, à paraître vendredi.

Les trois fantômes de Tesla de Guilhem Bec (dessin) et Richard Marazano (scénario), 48 pages couleurs, 13,99 euros, Le Lombard