Mardi soir, cinq ans après Neimënster, Polly Jean a charmé un public venu nombreux pour l’acclamer.

Venue présenter The Hope Six Demolition Project, son nouvel album, l’artiste anglaise a en effet fait frissonner la Rockhal.

Elle a fait son apparition derrière ses neuf lieutenants drapée d’une longue robe noire sur la scène de la Rockhal, avant d’entrer directement dans le vif du sujet. Saxo en main, un instrument qui relègue sa guitare au second plan lors de cette tournée, PJ Harvey a enchaîné les morceaux de The Hope Six Demolition Project, son neuvième album (dont le titre fait référence au programme de rénovation urbaine américain controversé HOPE VI), sorti cette année après avoir passé quatre ans de photojournalisme entre le Kosovo, l’Afghanistan et Washington. « Quand j’écris une chanson je visualise toute la scène. Je peux voir les couleurs, je peux deviner l’heure de la journée, l’humeur, je peux voir la lumière évoluer, les ombres se déplacer, tout ce qui compose le tableau. Réunir des informations de seconde main me paraissait trop éloigné de ce que j’essayais d’écrire. J’avais besoin de sentir l’air, la terre et rencontrer la population des pays qui me fascinaient » expliquait l’artiste anglaise à son retour.
Le clip de The Wheel, morceau plus politique que jamais qui célèbre l’histoire et les traditions d’un pays en ruines, et qui a bien réveillé la salle lors de la deuxième partie du live, a notamment été tourné dans les paysages désolés du Kosovo.

On a ainsi eu droit à l’intégralité des chansons de ce nouvel album, Chain of KeysThe Ministry of Defence, le plus léger et enjoué The Community of Hope qu’on s’est passé tout l’été, The Orange Monkey et A line in the Sand, rythmés par les tambours et les choeurs de son armée particulièrement présente, face à un public très spectateur, sûrement envoûté par l’artiste et cette ambiance plus calme que ce qu’on a connu, plus country-rock que vraiment rock. Le retour à Let England Shake, son avant dernier album paru il y a cinq ans, et notamment à The Words That Maketh Murder, a eu le don de le faire participer un peu, ce public qui jusque là hochait surtout la tête, chacun suivant le rythme en tapant des mains. « Elle a une voix de gamine hein? » a-t-on pu entendre dans la salle. Polly Jean s’est alors retrouvée seule, débarrassée de tout instrument sous un halo blanc de lumière pour interpréter de sa voix effectivement quasi enfantine le poignant When Under Ether, extrait de White Chalk sorti il y a déjà neuf ans. Des frissons encore avec Dollar, Dollar, et ce solo de dingue au saxo blanc sur The Ministry of Social Affairs. Sortie de sa bulle pour s’adresser à la salle pour la première fois après plus d’une heure à livrer ses hymnes-coups de gueule, elle s’est fondue dans son groupe pour nous quitter (avant le rappel quand même) avec River Anacostia, et ses dernières paroles « Wade in the water, God’s gonna trouble the water ».

Raphaël Ferber.