Fonder son entreprise quand d’autres songent déjà à couler des jours heureux au soleil ? Voilà qui n’a pas effrayé Nicole Schwachtgen, fondatrice des boutiques Passionn’elle. Un coup du destin l’incite à se lancer. Une décennie plus tard, même si elle reste modeste, elle peut poser un regard empli de fierté et de bonheur en regardant le chemin parcouru. Cela n’a pas été facile tous les jours, mais Nicole a réalisé son rêve. Par la force du travail, son amour du métier et une pugnacité incroyable. Nous l’avons rencontrée.

Qu’est-ce qui vous a amené à créer votre société ?

Je crois que dans le fond, j’ai toujours voulu être indépendante. La vie en a voulu autrement. Et puis, à 48 ans, j’ai divorcé et je me suis retrouvée au chômage. Trouver du travail à cet âge-là n’est pas chose aisée. C’était le moment ou jamais pour me lancer !

Devenir entrepreneure à l’aube de la cinquantaine. Atout ou faiblesse ?

Résolument, c’est une force. À cet âge-là, on a normalement suffisamment d’expérience et de maturité pour construire un projet solide, pour ne pas s’illusionner. Je savais parfaitement ce que je voulais. Et encore plus ce dont je ne voulais plus (rires) !

Auriez-vous imaginé créer une société dans un autre domaine que celui de la mode ?

Non, car c’est vraiment ma passion. Certaines femmes peuvent se lancer dans le BTP, ça n’est pas mon cas. J’ai toujours travaillé dans les accessoires de mode, c’est un secteur qui me plaît véritablement. J’ai commencé comme déléguée commerciale pendant 28 ans, en démarchant des boutiques, des coiffeurs, des instituts de beauté.

Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?

Sincèrement, aucune. C’est une chance, je le reconnais. Mais mon projet était bien ficelé.

À quoi devez-vous votre succès ?

Au travail. Ma société fêtera ses neuf ans cette année. À l’heure actuelle, j’ai huit bijouteries, et deux ouvriront avant la fin de l’année. Mais je n’ai jamais compté mes heures ni eu peur de retrousser mes manches. Je suis partie de rien. Quand je me suis retrouvée au chômage, j’ai envoyé de nombreux CV. En vain. Alors quand l’Adem m’a parlé d’une aide pour me lancer comme indépendante, j’ai foncé. Sans ce coup de pouce, je n’aurais pas pu le faire.

Mon deuxième atout était de connaître Christiane Wickler. Nous sommes de la même région. J’ai l’ai appelée pour lui présenter mon projet, j’avais à cœur de m’installer dans son centre. En deux minutes, c’était réglé : elle a immédiatement dit oui (rires) ! Je la remercie de m’avoir offert cette opportunité. Que j’ai su saisir (sourire).

De quelle façon la FFCEL vous aide-t-elle ?

J’avoue ne pas prendre suffisamment de temps pour m’y investir. Les journées n’ont, hélas, que 24h (sourire). Mais j’y trouve un formidable réseau, avec des femmes fort sympathiques toujours prêtes à échanger. C’est un soutien précieux, car ce n’est pas toujours facile d’être une femme quand on est cheffe de plus de 30 salariés.

Qu’est-ce que les femmes apportent de différent au secteur de l’entrepreunariat ?

Une autre vision. Et cela est d’autant plus sensible dans le monde de la mode et de la beauté : la dimension esthétique est fondamentale. Les femmes sont, je le pense, plus à l’avant-garde, ont une perception différente, une intuition plus claire.

Où puisez-vous votre force ?

Dans la passion. Depuis neuf ans, je prends chaque jour un plaisir incroyable à exercer mon métier. J’aime proposer des nouvelles collections à mes clientes, dénicher de créateurs, découvrir des nouvelles tendances… Je suis toujours à l’affût de ce qui va être à la mode. L’émerveillement dans les yeux de mes clientes, et leur fidélité, bien sûr, sont ma plus belle récompense.

Avez-vous des rituels ?

Par vraiment. Mais je dois confesser que je vis Passionn’elle, je mange Passionn’elle et je dors Passionn’elle ! Au point que, très souvent, la nuit, je me lève pour prendre des notes. Avant je prenais le temps de faire du sport, c’est important de s’oxygéner. Je ne le fais plus, je le regrette, mais encore une fois, les journées n’ont que 24h et les semaines sept jours (sourire).

Avez-vous un modèle ?

Christiane Wickler, elle a vraiment été un mentor pour moi.

Quel conseil donneriez-vous aux femmes qui souhaitent se lancer dans l’aventure entrepreneuriale ?

C’est fondamental d’avoir cet esprit. Je viens d’une famille de travailleurs indépendants, j’ai donc été habituée, et je savais quelles contraintes cela pouvait engendrer d’être à son compte. On pense que l’on va être plus libre, mais il faut avoir les pieds sur terre. Cela demande de nombreux sacrifices, la vie de famille peut en prendre en coup. Il ne faut pas rêver en se disant qu’être son propre patron revient à être libre.

Et puis, avoir la gnaque, le courage, et savoir que l’on va travailler tous les jours ! Mais quand on aime, on ne compte pas (sourire) !