Lorsqu’elle arrive au Luxembourg et qu’elle débute en tant que Sales manager chez ITNation, Emilie Mounier ne songeait pas que, à peine cinq ans plus tard, elle serait invitée à reprendre les rênes de la société. Et pourtant. Eric Busch voyait en elle son meilleur atout pour effectuer le tournant vers le digital.

A raison. Six ans plus tard, elle s’investit toujours avec la même passion et voit dans ce poste l’une des plus belles rencontres de sa vie professionnelle.

S’il n’y avait qu’une seule chose à retenir de votre parcours, ce serait …
Les rencontres ! Au niveau professionnel, si je devais n’en retenir qu’une, c’est bien sûr celle d’Eric Busch, entrepreneur et créateur d’ITnation… Il m’a permis de trouver ma place très rapidement, quand je suis arrivée au Grand-Duché, qui est un pays cosmopolite. Il est aisé de tisser des liens profonds avec des personnes venant de tous les horizons.
Avez vous des regrets ?
Aucun ! En quittant mon Paris natal, ma famille, mes amis et mon job… rien n’était écrit.

Le Luxembourg m’a plu rapidement. La richesse du patrimoine, des rencontres et des opportunités qu’elles offrent m’ont rapidement fait aimer ma vie ici.
Quelles difficultés avez-vous traversées dans votre carrière professionnelle et comment les avez-vous surmontées ?
Le plus difficile est sans aucun doute de réussir à trouver un juste équilibre entre ma vie de femme active et celle d’épouse et de mère modèle. C’est un défi quotidien, qui impose de faire des choix et une organisation efficace.
L’IT est un secteur réputé masculin. Être une femme est-il dès lors un atout ou un frein, selon vous ?

Je ne pense pas que ce soit un frein. Ce serait hypocrite de l’affirmer. Dans de nombreux cas, les portes s’ouvrent plus facilement quand c’est une femme qui entreprend des démarches dans ce secteur. Au-delà, que l’on soit un homme ou une femme, il faut pouvoir convaincre avec de réels arguments, tout en étant crédible.
Vous avez été nommée Managing Director par le Board d’ITnation en 2012. Ce même board vous a proposé de devenir 100% indépendante, cette année. Cette décision était-elle naturelle ?
C’est une opportunité unique qui m’a été offerte. Il ne m’a pas fallu une minute pour me décider. J’ai simplement pris le temps de consulter mon mari, car une telle décision à des répercussions sur l’organisation familiale; ainsi que mes équipes pour savoir si tous me suivaient dans l’aventure. Tous m’ont dit de foncer.
Créer votre propre société n’aurait-il pas été un projet plus ‘challenging’ pour vous?
J’étais déjà dans une démarche entrepreneuriale dans ma fonction de Managing Director. J’ai grandi professionnellement à travers ITnation. Et l’énergie que j’ai mis dans ce projet durant toutes ces années ont largement façonné le média et la communauté fédérée autour de lui. Je ne voulais pas réinventer la roue, avec un tout nouveau projet. Celui que nous faisons tourner depuis plusieurs années est plein d’avenir. Il offre de nombreuses perspectives nouvelles. Il y a encore beaucoup à faire et à inventer à travers lui.

Comment voyez-vous l’avenir d’ITnation ?
Il y a beaucoup à faire autour d’un média comme le nôtre. A travers lui, c’est tout un écosystème que nous accompagnons. Je le disais, il y a beaucoup de belles choses à construire, de nouveaux projets à développer, au départ d’une équipe élargie et stable.
Est-ce plus difficile de diriger une entreprise lorsque l’on est une femme, selon vous?
Je pense que ce n’est jamais évident. Que l’on soit un homme ou une femme, cela ne change pas grand-chose.
Tout le monde peut-il être chef d’entreprise ?
Toute personne curieuse qui, chaque matin, se réveille avec l’envie de réellement accomplir quelque chose est un entrepreneur dans l’âme.
De quelles qualités un chef d’entreprise doit-il faire preuve ?
A l’envie et la curiosité, il est fondamental d’ajouter un brin de folie positive.
Le management est différent selon que l’on est un homme ou une femme ?
Un bon manager doit avant respecter les autres. C’est la condition indispensable pour être respectée en retour. Ce n’est pas une question de genre.
Le plafond de verre existe-t-il réellement ?
Les exemples de femmes, toujours plus nombreuses, occupant des fonctions dirigeantes ont tendance à démontrer qu’il n’existe pas.
Êtes-vous pour ou contre les quotas ?
Etablir des quotas afin de garantir la représentation des femmes au sein de l’entreprise, et notamment au niveau de ses fonctions dirigeantes, c’est reconnaître qu’il y a une catégorie qui nécessite de l’aide… Je pense que l’effet est plus négatif que positif.
Avez-vous dû faire des sacrifices personnels pour évoluer professionnellement ?
Les choix ne sont jamais simples… Ce n’est pas forcément évident de participer à un cocktail professionnel en soirée, alors que je n’ai pas vu mes enfants depuis 8h du matin. Or, c’est souvent nécessaire. D’autre part, ne pas être chaque soir à la maison, faire de nouvelles rencontres, ne pas entrer dans une routine quotidienne, me permet aussi de m’épanouir ! J’utiliserais donc le terme de “choix” plutôt que celui de “sacrifices”.
Comment réussissez-vous à jongler entre vie perso et vie pro ?
L’équilibre n’est pas simple à trouver. Être bien entourée, que ce soit au bureau ou à la maison est essentiel, tant pour l’épanouissement des membres de l’équipe que pour la famille. Quand on entreprend, la frontière entre ces deux vies n’est que très fine. Simplement, c’est MA vie. Et je ne peux m’épanouir qu’avec ces deux ingrédients bien dosés.
Quel conseil donneriez-vous aux femmes qui souhaitent accéder à des postes à responsabilités ?
Si l’envie est là, le reste suivra ! C’est une aventure qui ne sera jamais solitaire.