Après une carrière dans le secteur bancaire, Doretta Fiorentin s’est lancée à l’assaut de l’immobilier. Energique et passionnée, elle évolue dans ce milieu masculin, faisant preuve d’une main de fer dans un gant de velours. Entourée de ses trois collaboratrices, elle ambitionne de se démarquer grâce à une approche au cœur de laquelle le service est roi.

Rencontre avec une cheffe d’entreprise bouillonnante d’idée et de droiture.

De quoi être vous le plus fière ?

Sans hésiter, de mon équipe.

Si vous pouviez revenir en arrière, changeriez-vous quelque chose ?

D’avoir accordé ma confiance à des personnes qui, en fait, ne le méritaient pas. Cela m’a fait perdre du temps et de l’argent.

Être une femme et cheffe d’entreprise, est-ce difficile ? 

Oui ! Et moi je cumule, car je suis italienne, et nous n’avons pas toujours bonne réputation (rires) ! Qui plus est, l’immobilier est un secteur très masculin, nous devons nous rendre sur des chantiers, des projets. Tout dépend de la façon dont l’on se positionne face à nos interlocuteurs : il est impératif de se montrer sûr de soi, professionnel, pour être estimée. Heureusement pour moi, j’ai une approche forte.

Qu’est-ce qu’une femme apporte comme valeur ajoutée au secteur de l’immobilier ?

La qualité du service. Les hommes pensent plus à l’argent. C’est important, bien sûr, je ne dis pas le contraire ! Mais les femmes portent plus attention à des détails, font preuve de davantage de précision, de douceur. Le côté humain, maternel, même, peut être une force. À condition de savoir le doser, car cela peut aussi se révéler être un désavantage.

Mais être une femme peut également être un désavantage dans ce secteur. Lorsque l’on travaille avec un couple, par exemple. C’est pour cela que je m’adresse toujours – ainsi que mes collaboratrices – toujours à la femme en premier, afin de me positionner en soutien dans sa recherche du bien parfait.

Avez-vous été confrontée à des hommes qui essayaient de vous mettre des bâtons dans les roues ? 

Énormément, et ce à tous les niveaux : des chefs d’entreprise, des agents immobiliers, des commerçants… Tous agissent de la même façon : ils ne vous attaquent pas sur le professionnel, mais cherchent à détruire votre réputation en s’attaquant à votre vie privée. Je l’ai vécu que ce soit lorsque je travaillais dans le secteur bancaire ou, plus récemment, dans l’immobilier. Mais une chose est sûre : à la fin, on voit toujours qui a raison… il faut laisser le temps faire les choses. J’ai confiance en cela.

Le contact humain est-il important pour exercer ce métier ?

Fondamental ! Mais de nos jours, cela est de plus en plus compliqué, car les gens portent très souvent un masque et sont plus difficiles à cerner. J’en reviens à la question de confiance, qu’il faut accorder certes, mais avec vigilance.

Vous ne travaillez qu’entourée de femmes. Est-ce un choix délibéré ?

Depuis que j’ai créé mon agence immobilière, l’expérience m’a démontré que les rapports les plus solides et les plus sains se sont toujours tissés avec les femmes. Une sorte de sélection naturelle, comme dans la savane (rires).

Est-il plus compliqué de jongler entre vie personnelle et vie professionnelle quand on est une femme ?

Je ne suis pas mariée et n’ai pas d’enfant. Donc j’ai plus de facilités, même si je dois m’occuper de mes parents âgés. Du coup, je travaille non-stop. Souvent, les soirs je ne quitte que vers 22h et je ramène du travail à la maison les week-ends. Être chef d’entreprise demande d’être sur tous les fronts : les relations avec les clients, les fournisseurs, gérer le personnel, l’administratif, élaborer une stratégie. Je me sens responsable de mes employés, ils comptent sur moi : aussi je me dois de m’investir à fond pour eux.

Quel est votre rituel pour affronter chaque nouvelle journée ?

Tous les matins, j’écoute de la musique qui me booste. J’essaye de marcher le plus souvent possible, car je n’ai pas forcément le temps d’aller faire du sport. Je mets mon casque avec une musique bien rythmée et c’est parti !

Avez-vous un modèle ?

Oui, mon père. C’est à lui que je dois cette force et mon caractère. Cela m’a permis de surmonter de nombreuses épreuves. Je suis une véritable Fiorenti, une vraie de vrai ! (rires).

Quels sont vos projets ?

Je n’ai pas de rêve de grandeur, je suis persuadée qu’il est fondamental de rester humble et, surtout, de toujours se rappeler d’où l’on vient. J’aimerais continuer de développer mon agence, épaulée de mes collaboratrices. Et puis, un jour, partir vivre avec mes deux filles, adoptées au Kenya. J’y vais deux fois par an, mais c’est trop peu. C’est pour cela que je travaille autant !