Fondatrice et CEO de la Graphisterie Générale, qui vient de rafler un Luxembourg Design Award Gold dans la catégorie packaging, Christine Feck n’en a pas pour autant oublié ses valeurs humaines et ses premières amours. Nous l’avons rencontrée pour évoquer son parcours au sein du monde du design luxembourgeois.

Pouvez-vous évoquer votre parcours ?

Mon parcours est relativement atypique … Diplômée d’une école belge de design graphique et de conception publicitaire, j’ai travaillé dans le milieu des agences en tant que créative, jusqu’à ce que je décide d’avoir des enfants. Comme je suis assez radicale, j’ai complètement arrêté de travailler pour élever mon premier enfant pendant deux ans. La création coulant dans mes veines, je n’ai néanmoins pas pu pas m’empêcher de participer à toutes sortes d’activités créatives et à me tenir au courant des tendances. Peu avant la naissance de ma fille, n’y tenant plus, j’ai repris le métier en tant que free-lance. Mon premier client important : Frank Steffen, avec qui, je ne le savais pas alors, je collaborerai 20 années durant !

Pourquoi avez-vous décidé de créer votre propre entreprise ?

Au fil du temps, je me suis rendue compte que travailler seule allait bientôt m’empêcher de progresser, principalement dans le domaine digital. Mes clients devenant de plus en plus informés et exigeants, j’ai toujours eu la volonté de leur apporter la meilleure qualité de travail possible. En 2006, j’ai lancé la Graphisterie Générale, dans l’espoir de pouvoir développer le côté digital du métier, sans pour antant renier mes bases de designer graphique et conceptuelle.

Quel regard portez-vous sur le design à Luxembourg ?

Je pense que le Luxembourg n’a vraiment pas à rougir de ses représentants, quel que soit le domaine du design évoqué. Notre petit pays à la chance de bénéficier du soutien des institutions concernées. En outre, le récent Nation Branding atteste de la volonté de nos dirigeant de mettre en lumière ce côté contemporain et bien ancré dans son temps. L’image de Luxembourg en la matière est digne des grandes capitales de ce monde.

Vous venez d’être récompensée par les Luxembourg Design Awards. Est-ce une consécration attendue ?

Nous ne travaillons pas au quotidien dans l’objectif de décrocher un award, mais avant tout pour apporter une solution à un client. Quand cette solution allie intelligence et esthétique, on peut alors espérer proposer notre candidature. Après, il appartient au jury de décider ! Mais c’est toujours une belle consécration de recevoir un prix, d’être reconnu par ses pairs. C’est également très motivant pour mon équipe et pour nos clients.

Être une femme a-t-il été un frein dans votre carrière ?

Non, et cela avant tout parce que j’ai décidé que ça ne devait pas en être un !

À quoi devez-vous vos principaux succès ?

Le succès de la Graphisterie vient, il me semble, de notre volonté de toujours fournir le maximum, tant en créativité qu’en qualité. Nous sommes ultra rigoureux, hyper-soucieux du moindre détail. La relation directe avec nos clients, sans passer par une équipe de commerciaux, est également une composante indéniable du succès d’un projet. Je me déplace personnellement pour rencontrer mes clients, débattre avec eux, discuter, élaborer. C’est essentiel à mes yeux.

À présent, quels sont vos challenges ?

Faire perdurer cette relation privilégiée avec mes clients (ce qui implique également de garder une entreprise à taille humaine) et, bien sûr, de développer nos compétences digitales. C’est pour cela qu’il y a un an et demi, Thomas Aubinet, graphic designer et génial touche-à-tout, est devenu mon associé. Il développe aujourd’hui le « pôle » digital de la Graphisterie.

Où puisez-vous votre force ?

Auprès de mon compagnon, André (Hesse – VOUS Agency). On parle beaucoup de ce « travail-passion » qui nous a réunis, mais également des responsabilités d’un chef d’entreprise. De même, je puise ma force auprès de mon équipe, passée ou présente. Ils construisent chaque jour la Graphisterie à mes côtés, et font que j’ai toujours envie d’y croire.

Y a-t-il une personne qui vous inspire, avez-vous un modèle ?

Je n’ai pas de modèle particulier. J’aime et j’admire les gens qui se battent pour atteindre leurs objectifs avec respect et intelligence.

Quelles sont les trois qualités essentielles pour être chef d’entreprise ?

La responsabilité, l’écoute et l’audace !

Quel conseil donneriez-vous aux femmes qui souhaitent se lancer dans l’aventure de l’entrepreneuriat ?

Bien cibler son activité, établir un plan financier pour éviter les mauvaises surprises, soigner son image et sa communication. Devenir membre de la FFCEL (La Fédération des Femmes Cheffes d’Entreprise au Luxembourg ) dont je fais partie, et dont une des principales missions est d’encourager les femmes à se lancer dans l’entrepreneuriat, est aussi fondamental, je pense.

Y a-t-il des choses que vous ne referiez pas ?

On fait tous des erreurs qu’on aimerait n’avoir jamais commises. Le tout est de les accepter, de les transformer en expérience et de gagner en sagesse . Sinon dans l’ensemble, je ne regrette rien.

Quand vous regardez le chemin parcouru, de quoi êtes-vous fière ?

Que la Graphisterie Générale soit aujourd’hui connue et reconnue par les acteurs de la communication et du design à Luxembourg, et même au-delà (, en témoigne nos nominations aux Awwwards, distinction aux German Design Awards… ). Je n’oublie pas qu’il y a encore à peine dix ans de cela personne à Luxembourg ne me connaissait, et que j’étais plutôt: « la dame qui répond au téléphone avec un bébé coincé sous le bras, une souris dans une main et une tétine dans l’autre » (rires). Alors oui, je suis fière du chemin parcouru, des gens qui ont cru et croient toujours en moi.